Si j’étais Albert II, je m’inquiéterais. D’Alger à Hongkong, de Beyrouth à Santiago, des foules en colère dénoncent les pouvoirs en place. Pourquoi ce mouvement tous azimuts épargnerait-il Monaco ?

Le prince n’ignore pas que son arrière-grand-père, Albert Ier, avait dû se réfugier en France au printemps 1910 quand des Monégasques déchaînés avaient pris d’assaut le palais au cours d’une journée d’émeutes et menacé d’instaurer la République. Pour sauver son trône, le souverain fut contraint d’octroyer un bout de pouvoir législatif à ses sujets.

On ne voit jamais la goutte d’eau qui fait déborder le vase, l’étincelle qui met le feu aux poudres. Au Liban, il a suffi d’une taxe de 18 centimes d’euro sur les communications WhatsApp pour que l’appel à la révolte soit entendu. Le Rocher est plein d’écueils. Allez savoir où se niche le détonateur. Albert II a quand même 37 308 habitants à surveiller. La menace peut venir de n’importe quelle portion de ce territoire de 2,02 kilomètres carrés.

Apparemment, la principauté est calme. À ce jour, aucun employé de la Société des bains de mer ne s’est déclaré noyé de travail. Aucun croupier du Casino ne s’est plaint de ramasser des jetons à longueur de soirée ou d’avoir les poches cousues. Et si les propriétaires des superyachts ont du mal à boucler leurs fins de mois, ils se sont pudiquement tus jusqu’à présent. Cependant, il n’y a de pire eau que celle qui dort. Son Altesse Sérénissime ne manque pas de blé pour répondre à d’éventuelles revendications, mais veille-t-elle suffisamment au grain ? Je le dis comme je le pense : Monte-Carlo m’inquiète. 

 

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