Le nouveau ministre de la Transition écologique a du pain sur la planche. Descendu du perchoir pour remplacer Nicolas Hulot le 4 septembre dernier, François de Rugy a trouvé sur son bureau une pile de dossiers qui, comme le climat, ne cessent de se réchauffer. Parmi ceux-ci, figure en bonne place la question des déchets plastique. Depuis le début de l’année, le gouvernement a multiplié les annonces à ce sujet, pour atteindre son objectif de 100 % de plastiques recyclés à l’horizon 2025 : système de bonus-malus sur les plastiques non recyclés, interdiction des gobelets, verres et assiettes à usage unique, des cosmétiques contenant des microbilles ou des cotons-tiges en plastique… Sans oublier la promotion d’une consigne sur le plastique afin d’encourager la collecte des emballages, dont la plupart finissent encore aujourd’hui dans la (mauvaise) poubelle.

Cette série de mesures applicables à partir de 2019 était réclamée avec force par les cercles écolos – et jusqu’au pape François, qui s’est ému au début du mois de la pollution des « océans jonchés d’étendue sans fin de plastiques à la dérive ». Mais rien ne laisse penser qu’elles seront suffisantes. Car la menace qui plane sur notre environnement va au-delà du simple cas des mers et du tristement célèbre « septième continent » : en l’espace d’à peine un demi-siècle, l’homme a déjà produit plus de six milliards de tonnes de déchets plastique – dont la moitié ces quinze dernières années ! –, qui n’en finissent plus de contaminer les eaux, noyer les sols et empoisonner les espèces. Dans les couches géologiques, on peut déjà identifier l’apparition de « plastiglomérat », un alliage fort peu naturel de roches et de composés plastiques qui a tout de la bombe à retardement. Aussi louable soit-il, le rêve d’une économie circulaire ne suffira pas à endiguer ce tsunami de plastique qui menace de nous submerger dans les prochaines décennies.

La prise de conscience doit aujourd’hui gagner toutes les couches de la société. Le gouvernement, donc, qui doit encore faire la preuve de son engagement au service de la planète. Le citoyen ensuite, averti et responsable de ses achats comme de ses déchets. Mais aussi les grandes entreprises de l’agroalimentaire et de l’emballage, premières consommatrices de plastique vierge au monde. Songez que Coca-Cola, à lui seul, produit quelque 128 milliards de bouteilles en plastique par an ! De quoi, en les superposant, couvrir cent fois la distance de la Terre à la Lune… 

Des enjeux du recyclage à la quête de matériaux alternatifs, le 1 fait le point dans ce numéro sur les contours de cet « âge du plastique » né dans la modernité d’après-guerre. Et s’interroge sur les moyens de s’affranchir, au moins en partie, de ce plastoc qui aujourd’hui n’emballe plus grand monde.  

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