Le 25 mai 1977, dans le silence d’une trentaine de salles obscures américaines, une brève phrase d’introduction projette les spectateurs « dans une galaxie lointaine, très lointaine ». Puis, les lettres « Star Wars » emplissent l’écran au son des déflagrations symphoniques du compositeur John Williams. À la sortie, l’enthousiasme atteint des sommets. Le bouche-à-oreille permet ensuite très vite à ce conte moral aux allures de western intergalactique de conquérir une foule de cinémas et de se propulser en tête du box-office, ouvrant la voie à une saga mythique qui va puissamment marquer l’imaginaire contemporain.

Personne ou presque ne misait pourtant sur un succès, à commencer par la Fox et les distributeurs. Et George Lucas a dû batailler ferme pour en arriver là et accoucher d’une œuvre aussi conforme que possible à ses aspirations artistiques. Âgé de tout juste 33 ans quand triomphe ce premier volet, le réalisateur avait déjà fait fortune en 1973 avec le flamboyant American Graffiti. Mais, sur ce second film comme sur le premier, l’orwellien THX 1138, il avait souffert des coupes imposées par les studios. Ce jeune homme rebelle avait donc, autant que faire se peut, décidé de se battre contre un système et sa vision timorée des attentes du public. 

L’éprouvant tour de force que fut le tournage de La Guerre des étoiles, sous-titré en 1981 Épisode IV : Un nouvel espoir, permit à Lucas d’asseoir son indépendance grâce au contrat qu’il avait su négocier lui réservant les droits sur le film, ses suites et tous les produits dérivés. Il l’a placé aussi à la tête d’un empire similaire à ceux contre lesquels il se dressait. Une situation ironique qu’il commente, non sans humour, dans un documentaire de 2004 : « Je suis devenu exactement ce que je voulais fuir, et c’est un des thèmes de Star Wars. C’est ça, Dark Vador, il devient précisément ce dont il essayait de se protéger. » Huit ans plus tard, le cinéaste cédera la franchise à Disney…

Si l’une des grandes leçons de l’histoire des Skywalker est qu’il faut se méfier de la part sombre présente en chacun de nous, Star Wars, sa mythologie et son marketing nous disent encore bien d’autres choses de notre monde et de nos vies, qu’ils ont contribué à changer. Récit d’un combat entre le Bien et le Mal qui pèse lourd sur le destin des personnages, la saga offre aussi une surface pour penser notre rapport aux objets et à la technologie. Surtout, elle tend à nos sociétés un miroir politique sur lequel nous ferions bien de nous pencher en ces temps où la peur, l’obsession de la sécurité et la tentation autoritaire étendent leurs ombres sur le globe.  

Vous avez aimé ? Partagez-le !