IL N’Y A PLUS de vieux, et encore moins de vieillards. La France fourmille seulement de personnes âgées, de retraités, d’aînés, d’anciens, de vétérans… Et surtout de seniors, un terme jugé plus moderne, plus valorisant, puisque anglais, bien qu’il partage avec « sénile » une même origine latine : senex.

Mais cela ne correspond pas nécessairement à la manière dont les intéressés se perçoivent eux-mêmes. Et on ne sait d’ailleurs plus qui est quoi. Alors que le corps médical qualifie de seniors les plus de 70 ans, le monde du travail vous colle cette étiquette dès 50 ans, parfois même avant. Quant au sport, il bat tous les records : au football comme au rugby ou au tennis, on passe senior à 19 ans.

Autant dire qu’il n’est pas facile de débattre de la séniorité (de l’anglais seniority), à savoir la prééminence procurée par l’ancienneté dans un groupe social. Dans le cas de l’épidémie de Covid-19 par exemple, qui sont les concurrents des jeunes ? Les TGV (très grands vieillards) ayant perdu toute autonomie ? Ou les retraités actifs, que les restrictions sanitaires empêchent d’aller skier ?

Avec l’allongement de la durée de vie, la séniosphère devient tellement vaste qu’on voit apparaître des sous-catégories : comme « senior + » pour qualifier les plus âgés, en attendant sans doute les « seniors ++ »…

Tout le monde n’aspire pas à la séniorité. Des sexagénaires refusent de vieillir et semblent entamer une seconde adolescence. On les désigne par un néologisme, la séniorescence, qui ne peut que les énerver. Avec délicatesse, un nouveau marketing évite le mot « senior » et ses dérivés : l’immense marché des cheveux argentés a été élégamment baptisé, en français, « silver économie ». 

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