Devant la dureté des mesures sanitaires imposées à la jeunesse, certains parlent de « génération sacrifiée ». Si le terme peut sembler à la hauteur du désarroi, il est pourtant inapproprié. Le sacrifice comporte une connotation religieuse ou morale qui héroïse dangereusement ses victimes, registre qui a d’ailleurs été largement instrumentalisé par le pouvoir en place, obligeant tout un chacun à se transcender dans l’épreuve et à se serrer les coudes face à « l’ennemi ». « Le pays vous le rendra », promet aujourd’hui sur Twitter la ministre de l’Enseignement supérieur à l’endroit des étudiants en détresse, amplifiant la rhétorique sacrificielle que le gouvernement avait d’abord réservée aux soignants, aux caissières et aux livreurs lors du premier confinement. Devant l’étendue des dégâts, il est temps de refuser ce schème christique, qui pollue depuis trop longtemps notre imaginaire politique et social – que l’on songe aux « sacrifices du prolétariat » ou aux générations sacrifiées des grandes guerres de la patrie.

Derrière le discours grandiloquent d’une Nation animée par l’esprit de sacrifice et de renoncement se cache plus prosaïquement tout un ensemble de décisions arbitraires qui affectent tous les âges de la vie sans exception, de la naissance jusqu’au trépas, en pass

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