Dans la septième et dernière partie de L’Art du roman – un recueil d’essais conçus dès leur écriture pour former un tout cohérent et son premier livre directement écrit en français –, Kundera reprenait son discours de réception du prix Jérusalem pour la liberté de l’individu dans la société, prononcé en 1985. Intitulé « Le roman et l’Europe », ce texte éclaire grandement sa vision de la littérature et du rôle de l’écrivain. Extrait.

C’est avec une grande émotion que je reçois aujourd’hui le prix qui porte le nom de Jérusalem et l’empreinte de ce grand esprit cosmopolite juif. C’est en romancier que je le reçois. Je souligne, romancier, je ne dis pas écrivain. Le romancier est celui qui, selon Flaubert, veut disparaître derrière son œuvre. Disparaître derrière son œuvre, cela veut dire renoncer au rôle d’homme public. Ce n’est pas facile aujourd’hui où tout ce qui est tant soit peu important doit passer par la scène insupportablement éclairée des mass media qui, contrairement à l’intention de Flaubert, font disparaître l’œuvre derrière l’image de son auteur. Dans cette situation, à laquelle personne ne peut entièrement échapper, l’observation de F

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