Comment qualifieriez-vous la manière dont la puissance publique gère les flux migratoires ?

Contrairement à sa réputation, à son image de pays des droits de l’homme, la France pratique l’une des politiques les moins accueillantes au sein de l’Europe de l’Ouest, si l’on en juge par les taux d’accord en matière d’asile au cours des dernières décennies. Il existe cependant dans la société française nombre de personnes qui aident, participent bénévolement aux soins, à l’accueil, au conseil juridique des réfugiés. C’est un point important. On ne peut pas se faire une idée de la politique de la France si on la réduit à la politique de l’État. Il y a une politique de la société qui fait heureusement plus honneur à notre tradition supposée.

L’immigration est-elle une question centrale ?

C’est un enjeu central et crucial des sociétés contemporaines. Je travaille depuis longtemps sur l’immigration et sur l’asile, et je me suis souvent demandé si je ne travaillais pas sur des questions marginales, compte tenu des effectifs relativement modestes d’étrangers et d’immigrés. Je suis aujourd’hui convaincu que l’immigration et l’asile sont bien un enjeu essentiel de nos sociétés. Un enjeu dont nous avons trop souvent une vision très ethnocentrée et très présentiste. Pour ne donner qu’un seul exemple de notre ethnocentrisme, nous avons vécu en 2015 ce que nous avons appelé la « crise des réfugiés ». Un peu plus de 900 000 étrangers ont sollicité un statut de réfugié dans l’Union européenne. La même année, il y avait en Afrique du Sud un million de demandeurs d’asile, venant pour l’essentiel du Zimbabwe. Personne n’en parlait ici. De plus, nous somm

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