Dissimulation massive
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Derrière la guerre des drones, une guerre de chiffres fait rage. Aux commandes de la flotte de drones la plus importante, l’Agence centrale de renseignement américaine, la CIA, refuse de donner une quelconque information sur les usages de ces armes et leurs conséquences au Pakistan, au Yémen et en Somalie. Et comme les drones agissent majoritairement dans des zones peu accessibles en raison de conflits, tout se passe loin du regard de la presse et des organismes internationaux.
Des chiffres pourtant circulent : les estimations du Bureau du journalisme d’investigation, organisme indépendant britannique, totalisent entre 2 774 et 4 443 victimes confirmées d’attaques de drones depuis 2002 dans ces trois pays. La fourchette s’élargit encore quand on y ajoute les victimes d’attaques susceptibles d’avoir été menées par des drones.
Ce flou, entretenu par le secret dans lequel ces armes sont manipulées, est lié à la difficulté d’accéder à des informations fiables provenant du terrain. Les quelques organismes indépendants qui tentent de le dissiper travaillent exclusivement en collectant les articles de journaux locaux relatant de telles attaques. Par recoupement, ils tentent de confirmer à la fois l’implication de drones dans ces attaques, ainsi que le nombre de victimes, en distinguant les civils tués lorsque cela est possible.
Mais ce travail minutieux se heurte à de nombreux obstacles : faute de moyens, ces organismes ne savent traiter que les -articles publiés en -anglais ; toutes les attaques ne sont pas nécessairement relayées dans la presse locale ; les survivants ne parviennent souvent pas à identifier clairement l’implication de drones ; le décompte des victimes est rarement rigoureusement établi ; des soupçons existent sur l’impartialité des articles collectés…
Il y a de nombreuses raisons de penser que les chiffres disponibles sur les drones, pourtant largement repris, sont loin de la réalité. Les drones sont des armes redoutables : elles tuent sans se faire voir – non seulement de leurs victimes, mais également des sociétés au nom desquelles on les manipule
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