CETTE RENCONTRE historique aurait-elle eu lieu sans la pandémie de Covid ? Pendant le confinement, des animaux sauvages rôdaient dans les rues de certaines villes, surtout la nuit. Ici, des canards ; là, des daims ou des paons ; ailleurs, des sangliers, des singes, des kangourous, des pumas… Parallèlement, dans les grands espaces, des ours ou des félins s’attaquaient aux troupeaux, tandis que des braconniers surarmés chassaient le tigre ou l’éléphant.

La délégation animale, représentant toutes les espèces, s’est constituée plus facilement que celle des humains, en proie à leurs dissensions habituelles. Toujours est-il que la réunion a eu lieu et chaque camp a pu y exposer ses griefs.

« Ce ne sont plus seulement des fourmis, des pigeons ou des rats, qui nous envahissent ! s’est exclamée une femme. Vous semez la panique et apportez des microbes, prenant d’assaut les poubelles, broutant sur les terrains de sport… Chacun chez soi, et les moutons seront bien gardés ! »

La délégation animale a aussitôt réagi : « Incapables de limiter les naissances, vous êtes déjà près de 8 milliards ! Vous ne cessez de vous étendre sur nos terrains de chasse traditionnels, nous privant d’espace, de nourriture et d’eau, tout en polluant les sols. Non seulement vous nous empêchez de jouer notre rôle dans la défense des écosystèmes, mais vous faites de nous des réfugiés climatiques. »

Cette première rencontre aura au moins souligné l’urgence d’un traité de bon voisinage. Des mesures de distanciation et des gestes barrières devront être définis. « Ne nous masquons pas les difficultés », a dit le lion qui conduisait la délégation animale. Un net rapprochement s’est opéré quand les deux parties ont reconnu que tout homme abrite en lui une bête sauvage. 

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