Elle a préparé ses deux plus belles robes. Conservées sous des housses en toile, aérées régulièrement, raccommodées et entretenues avec ferveur. Aujourd’hui elle se réjouit de ne pas les avoir données, comme elle en a eu plusieurs fois l’intention ces dernières années. Après une longue réflexion, elle enfile la robe rouge à volants, dont les filaments dorés scintillent dans l’ombre. Sa petite fille Rosa l’aide à fermer les boutons dans le dos. Ensuite elle se maquille avec soin, et Rosa ajuste les rouleaux dans ses cheveux gris puis, une heure plus tard, les lui enlève. Elle se parfume, un parfum français très éventé. Enfin elle s’assied sur le meilleur fauteuil, à côté du poste de télévision, et attend. Telle une reine. Les bruits de l’extérieur lui parviennent, des pleurs d’enfants, une voiture parfois, les cris des mouettes et le vent qui s’engouffre dans la ruelle depuis le Malecón, apportant l’odeur crue de la mer.

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