Je vais avoir l’immense joie de jouer mon prochain spectacle au théâtre de l’Atelier à Paris, l’hiver prochain. Dire à ses proches : « Il faut que je te laisse, je vais jouer », c’est un peu un rêve qui se réalise. C’est inédit pour moi d’être sur scène plusieurs fois par semaine au même endroit. Je vais découvrir une forme de sédentarité, moi qui jusqu’ici vivais en saltimbanque. La récurrence me rassure, elle me permet d’être à l’aise et plus créatif. J’ai beau inscrire depuis des années mes spectacles dans une narration, je crois que je me situe beaucoup plus du côté du poète que du raconteur d’histoires. J’ai avant tout le souci de la sonorité des mots que j’emploie. Quand j’écris des chansons, je m’appuie sur des mélodies qui me viennent. Si j’ai un instrument entre les mains, j’ai tendance malgré moi à retomber sur des progressions très classiques. Je commence donc par chanter, sans instrument et sans accords, pour conserver un aspect plus brut et plus enfantin. Je retravaille ensuite beaucoup le texte. Pas un seul de mes morceaux n’est un premier jet. Parfois, il me faut même trois chansons autour d’un même thème qui ne marchent pas pour finalement en écrire une quatrième qui sera la bonne. 

 « On renouvelle toujours l’expression de l’amour en chanson »

Je crois qu’on réinvente et qu’on renouvelle toujours l’expression de l’amour en chanson. L’amour est un objet mouvant, il se redéfinit sans cesse à l’aune de la manière dont on se redessine en tant qu’individu. C’est la raison pour laquelle les chansons d’amour peuvent toujours faire mouche : parce qu’elles parlent des amoureux d’aujourd’hui, avec des mots d’aujourd’hui.

Il y a trois ans, en janvier 2021, la tournée de Paradis a été empêchée par les conditions sanitaires. C’était très frustrant. Pour tenter de m’occuper de manière créative, j’ai demandé à ma communauté de m’adresser leur courrier du cœur. Je voulais y répondre du mieux que je pouvais. (J’avais moi-même participé à une émission de courrier du cœur réalisée et animée par l’écrivaine et femme de radio Maud Ventura). J’ai reçu 1 200 lettres ! Je n’ai pas eu le temps de les lire car la tournée a repris, j’ai été extrêmement occupé et j’ai donc complètement mis entre parenthèses ce projet. Deux ans et demi plus tard, Maud Ventura m’a demandé ce que j’avais fait de ces courriers et m’a engagé à les lire. Je les ai classés par thèmes (la fidélité, la jalousie, la parentalité, le crush, le célibat, le deuil…) et ai conservé pour chacun d’eux trois lettres particulièrement belles. Avec Fanny Sidney, une réalisatrice, scénariste et actrice, elles ont été notre support pour écrire ensemble un podcast. Amour Jungle sortira le 18 juin, avec la complicité de tout un tas de gens très doués. Dans chacun des onze épisodes, nous abordons un thème avec des invités (Alexis Michalik, Gaël Faye, etc.), parlons philosophie, histoire et cinéma. Enfin, je termine l’émission, enregistrée en public au cinéma L’Archipel, par une chanson inédite en lien avec le thème. Jusqu’ici je maniais la langue en tant que chanteur, je suis maintenant également producteur et animateur d’un podcast !

 

Le plus beau mot de la langue française selon vous

La réponse varie en fonction de l’humeur. J’ai longtemps aimé « bungalow ». En ce moment, je dirais « suave ». 

 

Le mot que vous dites le plus souvent

« Il faut », c’est révélateur. Ça en dit long, quand les mots que l’on emploie le plus souvent sont des mots de devoir, et non de bonheur.

 

Votre juron préféré

« Merde. » Cela permet de n’insulter que la personne visée. Quand vous dites à quelqu’un que c’est un « fils de pute », non seulement vous l’insultez, mais en plus vous parlez avec beaucoup de dénigrement d’un métier que vous ne connaissez pas très bien, sans compter que vous étendez l’insulte à sa mère. « Merde » sert à la fois d’insulte et de juron. C’est un mot très pratique.

 

Le mot que vous détestez

« Cocu. » Je n’aime pas ce mot car il ajoute du ridicule à une situation déjà délicate. Il devrait être beaucoup plus chaleureux. Je déteste sa sonorité. « Cocu », c’est moche du début à la fin.

 

Un mot typiquement français à faire découvrir à un étranger

« Oh la la ! » Nous l’utilisons tout le temps, mais cette expression très essentielle au quotidien n’a pas son équivalent dans les autres langues, et ça ne doit pas être facile de faire sans !

 

Une chanson qui illustre la beauté de la langue française

J’ai envie de citer un album entier, le premier d’Oxmo Puccino : Opéra Puccino. J’ai pris la plus grosse gifle de toute ma vie en le découvrant entre 16 et 18 ans. La poésie et la musicalité de la langue de chacun des morceaux de cet album m’émeuvent toujours autant.

Vous avez aimé ? Partagez-le !