Parler de chanson française n’a pas sens. « C’est un pléonasme, la chanson est française », disait joliment Charles Aznavour. Sans vraiment expliquer ce postulat, il ajoutait : « Nous avons les meilleurs textes et les meilleurs auteurs du monde. » Le grand Charles s’incluait certainement dans la liste – et il en avait le droit ! –, lui à qui l’on doit quelque 1 400 chansons, dont de véritables bijoux, interprétés de sa voix embrumée dans près de quatre-vingts pays.

Françoise Hardy, icône internationale d’un tout autre genre, fuyait la scène. Au temps de Salut les copains, elle était l’une des rares vedettes féminines à composer elle-même ses chansons. Flanquée d’une guitare, mal dans sa peau, elle allait seule dans les rues, l’âme en peine, sans que personne ne l’aime… Tous les garçons et les filles de son âge semblaient s’être reconnus dans cette adolescente longiligne qui ne leur ressemblait guère. Rien ne la destinait à conquérir l’Angleterre, séduire Mick Jagger ou les Beatles, enflammer le cœur de Bob Dylan, puis à devenir l’égérie de Paco Rabanne, de Courrèges et de Saint-Laurent. Une ambassadrice de la musique, mais aussi de la mode et de l’élégance françaises.

Françoise Hardy avait trois ans en 1947, quand Édith Piaf immortalisait « La vie en rose », la chanson française la plus célèbre au monde, reprise par… 350 artistes. Un tel hymne à l’amour n’était pas fait pour elle qui, dès l’âge de 21 ans, composait « Comment te dire adieu ». Françoise Hardy s’est parfaitement reconnue, en revanche, dans un texte de Cécile Caulier, qui allait être l’un de ses plus grands succès, « Mon amie la rose ». Une vraie fleur, cette fois, chargée de toute sa mélancolie : « On est bien peu de chose / Et mon amie la rose / Est morte ce matin. » 

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