C'est un mot d’origine incertaine, vieux de cinq siècles. « Flic » viendrait de l’argot allemand flick (garçon) ou de fliege (mouchard). À moins qu’il ne soit issu de flinke (frapper). 

Son sens péjoratif s’est estompé. Les intéressés eux-mêmes l’emploient volontiers. Si l’on veut être insultant, il faut ajouter un suffixe : flicard, flicaille…

« Poulet » a vieilli. Cela ne se dit presque plus, même pour désigner un policier qui ne sait pas voler ou qu’on aimerait dévorer. « Keuf » est apparu à la fin des années 1970, dans quelque banlieue agacée par les contrôles d’identité : « flic » a donné « keufli » en verlan, qui a été abrégé en « keuf ». Au pied des cages d’escalier, des gamins qui traînent leur ennui ou se livrent à de petits trafics entre deux rondes policières s’en vont répétant : « Je kiffe pas les keufs. » Sachant qu’un « keufé » est un endroit infesté d’agents de la force publique.

Il y a flics et flics. En uniforme, ils font peur ou sont détestés. En civil, ce sont des gens qu’on admire et auxquels on s’identifie volontiers. Inspecteurs, commissaires et limiers de la police scientifique sont les héros d’innombrables films, téléfilms et séries, consommés sans modération. Aucune autre profession ne bénéficie d’une telle publicité. 

Mais voilà soudain que tout se brouille. Après l’assassinat d’un couple de policiers dans les Yvelines en présence de leur enfant, nous voyons sur nos écrans des fonctionnaires en larmes, submergés par le chagrin et la colère. Ils ne sont plus flics, keufs ou poulets. Ni redoutés, ni idéalisés. Simplement des hommes et des femmes en train de pleurer.  

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