En octobre 1968, la couverture d’Hara-Kiri, ancêtre de Charlie Hebdo, montrait un jeune homme barbu embrassant sur la bouche un policier casqué et titrait : « Étudiants-CRS : la grande réconciliation d’octobre ». Les étudiants ne furent cependant pas les protagonistes des heurts les plus violents au cours du printemps 1968. La répression à leur encontre fut bien moindre qu’envers les travailleurs en grève : deux ouvriers ont été tués à Sochaux en juin.

Les manifestations sont régulièrement le théâtre d’affrontements entre des citoyens et la police chargée de les protéger, à laquelle les États modernes délèguent le monopole de l’usage légitime de la force physique. Le recours à l’histoire est nécessaire pour appréhender ce paradoxe. Comment comprendre, sinon, que la très forte popularité de la police dans la France de 2016 n’entre pas en contradiction avec celle du mouvement social d’opposition à la réforme du Code du travail ?

Traditionnellement chargée de maintenir et rétablir l’ordre, l’armée le faisait sans modération (pensons au récit d’Émile Zola dans Germinal). C’est depuis les années 1880 que les gardiens de la paix, policiers urbains en uniforme, ont aussi eu à s’en occuper. Ils s’en sont acquittés parfois avec doigté, mais souvent sans ménagement. Aux lendemains de la Grande Guerre, alors que le pouvoir avait de plus en plus de difficultés à faire do

Vous avez aimé ? Partagez-le !