Chaque semaine, des experts tentent de dresser un « bilan » des combats en Ukraine. Sachant que la guerre est également une bataille de communication, ne se fiant donc pas aux chiffres avancés par chacun des deux camps, ils collectent des données de diverses sources, les recoupent et établissent des évaluations aussi précises que possible.

Le conflit se traduit alors par des additions : on compte les chars, les avions, les navires, les drones, les lance-missiles détruits, endommagés, abandonnés ou capturés, de même qu’on recense les infrastructures et les bâtiments démolis ou hors d’usage.

Plus délicat est le « bilan humain », à savoir le comptage des hommes, femmes et enfants, tués, blessés, mutilés, faits prisonniers, réfugiés dans des caves ou à l’étranger. « Bilan », terme de banque désignant un inventaire financier, sonne toujours bizarrement, même si on lui adjoint l’adjectif « humain ». C’est presque aussi incongru que l’expression « catastrophe humanitaire » : comment une catastrophe peut-elle viser au bien de l’humanité ou soulager des populations en détresse ?

On n’échappe pas aux chiffres. Ils nous renseignent sur le coût matériel du conflit (chaque missile tiré par un lanceur Patriot revient, paraît-il, à un million de dollars) ; ils nous éclairent sur l’ampleur des désastres que la guerre provoque et sur son issue possible. Mais comment évaluer l’impact de cette boucherie, à court ou à long terme, sur l’équilibre psychique des Ukrainiens et des Russes qui y sont impliqués ?

Chaque drame est unique. La perte d’un être cher est aussi singulière qu’irremplaçable. Les proches d’une victime n’ont que faire des additions et des statistiques. Songerait-on à mesurer la quantité de leurs larmes, le poids de leur chagrin ? 

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