Voilà plusieurs années que je milite, à ma façon, et dans la limite des compétences qui sont les miennes, contre les maltraitances médicales. Pourtant il existe un angle mort de ces violences : la façon dont elles sont, bien souvent, générées par l’institution elle-même.

Je m’explique. Un infirmier m’écrit un jour pour vider son sac. Vingt-deux ans qu’il officie dans le même hôpital et qu’il a, selon ses termes, « à cœur le bien-être de ses patients ». Il n’était pas obligé de le préciser, mais qu’il l’écrive, c’est-à-dire qu’il y pense, dit beaucoup, je crois, de ce soignant et de son humanité. Un matin, il se dispute avec son épouse, puis il arrive à son poste, l’esprit encore perturbé quand on lui demande, faute de personnel, d’assurer la tournée de plusieurs chambres supplémentaires. Alors qu’il aide un patient âgé à s’installer sur la chaise percée et qu’on l’appelle dans le couloir, il sort de la chambre et oublie de fermer la porte derrière lui.

« Ça fait vingt-deux ans que ma vie, ce sont les urines, les selles, le vomi. Je n’ai plus de tabous. Tout ç

Vous avez aimé ? Partagez-le !