« L’Antarctique est à jamais préservé de la militarisation »
Temps de lecture : 7 minutes
En quoi le régime juridique de l’Antarctique est-il exceptionnel ?
Il est exceptionnel parce qu’il repose sur un non-accord. Dès les années 1920, plusieurs États prétendent à une souveraineté sur l’Antarctique. Certains justifient cela par la proximité géographique, d’autres par des découvertes remontant au xixe siècle – la France revendique par exemple une partie du territoire antarctique à la suite de la découverte de la terre Adélie. C’est très classique. En droit, on appelle cela les « territoires sans maître ».
Au total, dans les années 1950, sept États ont exprimé des prétentions territoriales : l’Argentine, l’Australie, le Chili, la France, la Norvège, la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni. Mais, parfois, les zones revendiquées se chevauchent, par exemple celles du Chili, de l’Argentine et du Royaume-Uni, sur la péninsule. D’autres États, enfin, estiment que personne ne doit s’approprier l’Antarctique.
Le déblocage va avoir lieu après l’organisation, en 1957-1958, de l’Année de géophysique internationale (AGI). Elle permet d’adopter une approche scientifique de l’Antarctique et est l’occasion de tenter de dépasser les convoitises territoriales. À la fin de l’AGI, les États-Unis proposent à onze États de réfléchir au statut de l’Antarctique : aux sept dits « possessionnés » s’ajoutent les États-Unis, l’URSS, le Japon, l’Afrique du Sud et la Belgique. Mais ils n’arrivent pas à se mettre d’accord sur un statut unique. Le traité sur l’Antarctique de 1959 établit donc le gel des prétentions territoriales et le principe de non-appropriation. Aucun autre territoire au monde n’est régi de cette façon, pas même dans l’espace ! En effet, « la Lune et autres corps célestes » appartiennent au patrimoine commun de l’humanité. Avec le traité sur l’Antarctique, au contraire, les États parties ne renoncent pas à leurs prétentions te
« L’Antarctique est à jamais préservé de la militarisation »
Anne Choquet
La spécialiste des régions polaires Anne Choquet fait le point sur le statut juridique sans équivalent du Continent blanc.
La vie envers et contre tout
Olivier Remaud
Le philosophe Olivier Remaud souligne que l’Antarctique n’est pas un désert hostile, mais un lieu où la vie prolifère.