« Plus l’invasion occupe d’espace, plus les populations ont de points de contact avec elle, et plus grande devient l’action du soulèvement de ces populations. Cette action mine graduellement les bases sur lesquelles repose la puissance de l’ennemi. Comme une combustion sourde, elle poursuit lentement son œuvre, et, par ce fait même, crée un état de tension incessante qui épuise l’élément sur lequel elle s’acharne. Cette tension diminuera sur certains points ; sur d’autres, quelques opérations vigoureuses la feront même parfois complètement disparaître, mais, en somme, au moment où l’embrasement général étendra partout ses flammes, elle contribuera puissamment à forcer l’envahisseur à vider le sol de la patrie, sous peine d’y trouver son tombeau. Hâtons-nous cependant de dire que, pour qu’une population insurgée pût à elle seule amener une pareille crise, il faudrait admettre des dimensions territoriales telles que la Russie en possède seule en Europe, ou une disproportion si extraordinairement avantageuse pour la défense entre la surface du pays envahi et l’armée envahissante, que le cas ne s’en produira jamais dans la réalité. » 

 

De la guerre, Liv. VI, Chap. xxvi, trad. du lieutenant-colonel

M.-J.-E. Bourdon de Vatry

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