Une prison à ciel ouvert… Cette expression a été employée ces dernières années pour décrire des situations très diverses, un peu partout dans le monde : au Haut-Karabakh comme en Érythrée, à Wuhan ou à Hanoï pendant l’épidémie de Covid ; dans les camps où sont parqués les migrants qui échouent en Libye, dans les îles grecques ou à la frontière mexicaine ; et même à la cité de La Castellane, gangrenée par la drogue, dans les quartiers nord de Marseille… Mais c’est Gaza qui détient indiscutablement le plus grand nombre de citations. Il est devenu impossible de parler de cette « enclave » palestinienne sans la qualifier de « prison à ciel ouvert ». Une manière de souligner que les Gazaouis sont opprimés par Israël, indésirables en Égypte, bâillonnés par leurs propres dirigeants, et que leurs malheurs ne suscitent que l’indifférence générale.

En matière carcérale, pourtant, la « prison à ciel ouvert » désigne un système souple et bienveillant, dans lequel les détenus sont certes contrôlés et surveillés, mais sans murs ni miradors ou barbelés. Une telle formule est d’ailleurs le plus souvent réservée à des condamnés ayant fait preuve de bonne conduite et montrant un vrai désir de réinsertion.

À Gaza, des groupes d’hommes armés jusqu’aux dents ont réussi à s’extraire de la prison pour commettre des actes impensables qui allaient provoquer une terrible punition collective. Et c’est du ciel que la foudre est tombée. Des milliers de tracts ont commencé par l’obscurcir pour sommer les habitants de fuir au plus vite, avant qu’un déluge de feu ne vienne réduire en cendres l’aile principale du pénitencier.

En France, les militants armés du Hamas sont qualifiés de « terroristes » par les uns et de « combattants » par les autres. Ce débat sémantique ne fait pas avancer d’un pouce la résolution d’un conflit jugé insoluble, malgré les « il n’y a qu’à » solennellement proférés de divers côtés. En attendant, Gaza est plus que jamais une prison à ciel plombé. 

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