La guerre à Gaza a replacé le conflit israélo-palestinien au centre des préoccupations sécuritaires des pays du Moyen-Orient, qui cherchent à se prémunir des effets déstabilisateurs d’un potentiel débordement régional. Ils ont tous intérêt à un apaisement de la situation : l’Égypte, parce qu’elle craint un afflux de réfugiés et une dégradation sécuritaire dans le Sinaï ; le Liban, qui redoute une nouvelle guerre entre le Hezbollah et l’armée israélienne dans un pays en faillite ; la Jordanie, qui craint des mouvements de solidarité envers la Palestine potentiellement déstabilisateurs pour la monarchie hachémite ; les États normalisateurs aussi, comme les Émirats arabes unis qui souhaiteraient reprendre les échanges commerciaux avec Israël et leurs grands projets d’infrastructures rendus possibles par les accords d’Abraham signés en 2020 ; l’Arabie saoudite, enfin, dont le Prince héritier aurait préféré pouvoir formaliser, voire normaliser sa relation avec Israël sans être contraint de se (re)positionner sur la question palestinienne. Même l’Iran voit d’un mauvais œil la possibilité d’une régionalisation du conflit, ce pays craignant de fragiliser ses relais d’influence (Hezbollah, Houthis), voire d’entrer en confrontation avec Israël (et donc les États-Unis), ce qui pourrait mettre en danger la République islamique.

L’Égypte et le Qatar se distinguent par leur rôle de médiateurs ou de facilitateurs entre Israël et le Hamas

Si aucun État n’a intérêt à une escalade régionale, ils défendent néanmoins des positions antagonistes sur le règlement du conflit israélo-palestinien et n’ont pas tous la même conception de la « paix » : les uns (dont l’Arabie saoudite) reconnaissent Israël et défendent une solution politique à deux États, les autres nient le droit d’Israël à exister et défendent la création, y compris par la force, d’un État palestinien de la Méditerranée jusqu’au Jourdain. Par ailleurs, l’Iran soutient la résistance armée palestinienne à travers ses relais d’influence et frères d’armes dans la région que sont le Hezbollah et les Houthis. Ces groupes mènent depuis plusieurs semaines des attaques contre Israël en représailles de l’offensive à Gaza. Ils n’ont pas intérêt à une guerre ouverte avec Israël et les États-Unis, mais ils doivent faire en sorte que leur posture militaire soit crédible et maintenir un niveau constant de pression sur Israël, voire assumer un franchissement de seuil en fonction de l’évolution de la guerre à Gaza et de la possible ouverture d’autres fronts.

Compte tenu de l’engrenage de la guerre, aucun pays de la région ne semble aujourd’hui en mesure d’œuvrer au règlement du conflit israélo-palestinien, ni même d’obtenir a minima un cessez-le-feu. L’Égypte et le Qatar se distinguent par leur rôle de médiateurs ou de facilitateurs entre Israël et le Hamas, en particulier sur la question des otages à Gaza. Néanmoins, Doha n’a pas d’autorité sur le mouvement palestinien, et encore moins sur sa branche armée, seule décisionnaire à Gaza.

Rares sont les voix qui croient encore à la « paix »

Quant à Israël, aucun État arabe ne peut infléchir sa détermination à éradiquer le Hamas. En dépit de l’impasse de la solution militaire et des critiques de plus en plus fournies contre les bombardements indiscriminés, Benjamin Netanyahou vient d’annoncer une intensification des opérations. Il a publiquement balayé toute perspective de négociation d’une solution à deux États, ce qui augure une pérennisation du conflit et de la violence dans les territoires palestiniens.

Dans ce contexte, même si beaucoup redoutent un embrasement régional, rares sont les voix qui croient encore à la « paix » et qui veulent s’investir pour trouver des Israéliens et des Palestiniens prêts à en négocier une qui soit « juste et durable ». 

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