[Chasteté]
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Elles exagèrent, ces Iraniennes. Fallait-il mettre le pays à feu et à sang parce qu’une jeune fille de 22 ans est décédée accidentellement après son arrestation ? Et d’ailleurs aurait-elle été arrêtée si elle avait convenablement couvert ses cheveux ? Il suffit parfois d’une mèche rebelle pour obliger la police des mœurs à intervenir.
Mais il ne faut pas se voiler la face : l’affaire dépasse cet incident regrettable. Un document intitulé « Projet chasteté et hidjab », publié au début de l’année par le Quartier général de la promotion de la vertu et de la prévention du vice, révélait que « 62 % des femmes n’approuvent pas ou ne portent pas régulièrement le hidjab islamique complet ». Les auteurs réclamaient la multiplication des patrouilles, le recours à la vidéosurveillance et l’ouverture de centres de rééducation.
Chaque Iranienne ne donne naissance qu’à 1,6 enfant, contre 7 avant la révolution
L’ignorance des femmes désole les autorités. Ne savent-elles pas que la natalité s’est effondrée ? Désormais, chaque Iranienne ne donne naissance qu’à 1,6 enfant, contre 7 avant la révolution. On leur dit de rester à la maison et de faire des enfants. Croyez-vous qu’elles écoutent ? Pourtant, tout est fait depuis quelque temps pour leur permettre de participer au redressement national : interdiction des avortements, limites posées à la contraception et encouragement des mariages précoces avant l’âge de 15 ans.
Mais peut-on imaginer que ces petites têtes aient, de leur propre chef, choisi de se dévoiler et de faire trembler la République islamique ? « Les émeutes sont l’œuvre des États-Unis, du régime sioniste et de leurs mercenaires », a expliqué l’ayatollah Ali Khamenei. Si on comprend bien le Guide suprême, les femmes n’y seraient donc pour rien. La chasteté est sauve ! On ne met pas en prison des personnes irresponsables : leur place est à la maison.
« Une thanatocratie qui règne par la mort et par la peur »
Farhad Khosrokhavar
Spécialiste de l’Iran contemporain, le sociologue Farhad Khosrokhavar brosse un panorama du mouvement actuel et de ses protagonistes, entre une jeunesse contestataire et une gérontocratie.
[Chasteté]
Robert Solé
On dit aux Iraniennes de rester à la maison et de faire des enfants. Croyez-vous qu’elles écoutent ?
Le cinéma iranien, miroir de la contestation ?
Asal Bagheri
Asal Bagheri, spécialiste du cinéma iranien, montre le regard que cet art et ses représentants portent sur la société, ainsi que sur le régime et sur sa contestation.