On s’interrogeait sur les Gilets jaunes. L’explication est venue de Moscou. Selon Dmitri Kisselev, présentateur vedette de la chaîne publique russe Rossiya 1, il s’agit d’une « révolution de couleur », fomentée une fois de plus par les États-Unis. Après la « révolution orange » en Ukraine, voici donc la révolution jaune en France, survenue une semaine après qu’Emmanuel Macron ait plaidé pour la constitution d’une armée européenne. Il est vrai que pour créer la pagaille, seul un esprit supérieur comme Donald Trump pouvait choisir une couleur aussi diabolique. 

Le jaune, c’est l’or, la richesse. Finies les fins de mois difficiles ! C’est le soleil qui éblouit et réchauffe. Bonjour les vacances ! C’est la couleur des vainqueurs : à qui le maillot jaune ? Mais aussi celle des traîtres, des judas, des briseurs de grève, ces syndicalistes qui arboraient jadis un genêt sur la poitrine.

Le jaune est une couleur hypocrite, celle du rire contraint, cherchant à masquer une gêne ou une colère. Mais également la couleur des cocus, soulignée par Zola dans L’Assommoir : « Ce jeanjean que sa femme peignait en jaune de la tête aux pieds… » 

Miel ou moutarde, le jaune, c’est tout et son contraire. Cette couleur multicolore peut être généreuse : rappelez-vous les pièces jaunes de Mme Chirac. Ou ignominieuse : l’étoile imposée aux Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale avait des précédents dès le Moyen Âge. 

Feuilles d’automne, vieux papiers… Les choses jaunies rappellent le temps qui passe, qui est passé. Mais c’est l’avenir qui inquiète : les gilets vont-ils encore descendre dans la rue ? Qu’en sera-t-il du péril jaune ? 

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