Comme mouvement spontané, auto-organisé et mouvant, les Gilets jaunes ne sont pas faciles à cerner. Les contours sociologiques et politiques de ce groupe de manifestants ondoient et le risque est grand de prendre des données partielles ou des impressions fugaces pour des informations fiables. Proposons néanmoins quelques hypothèses. 

Les Gilets jaunes couvrent une large palette de positions sociales, leurs revenus médians annuels allant de 10 000 à 75 000 euros. À tous les niveaux, leur « capital » est davantage économique que culturel. Ce qui signifie qu’ils perçoivent plutôt leur situation de manière analytique (« combien d’argent dans mon porte-monnaie ? ») que synthétique (« quelle place pour moi dans la société ? »). Ils se rattachent en apparence à une mouvance libertarienne, souhaitant voir augmenter le pouvoir d’achat en diminuant la taxation et la solidarité. Toutefois, ils réclament aussi davantage d’État, attendant de lui plus de services. Ces « antisystème » se caractérisent encore par le rejet de l’idée même de système social, qu’ils perçoivent comme un marché de dupes. Beaucoup d’entre eux étant des abstentionnistes habituels (10,6 millions au premier tour de la présidentielle de

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