J’avais fini par le remarquer, la phrase revenait souvent dans les conversations de mes parents : « Il faut que nos enfants soient comme les autres. » Comme les autres ? On n’était pas pareils, alors ? On mangeait à notre faim, on allait à l’école, on recevait des jouets à Noël, le médecin venait nous voir quand on était malades et ma mère, grâce à ses talents de couturière, nous confectionnait des vêtements superbes. J’avais six ans, on n’avait pas la télé, mon univers se résumait à notre petit deux-pièces blotti au fond d’une cour. Une seule chose me tracassait : mes amies d’école ne venaient jamais jouer chez moi. Mes parents ne voulaient pas. Puis à l’école, j’ai connu Claire. Et on est devenues tellement amies qu’un jour, elle m’a invitée chez elle. Ma mère a accepté. À une condition : « Sois polie, ses parents ont du bien. » J’ai arrondi l’œil : « C’est quoi, du bien ? » Réponse instantanée : « Ils sont riches ! Notre maison, il faut

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