Complets gris, boubous chamarrés, voiles islamiques, coiffures rastas, turbans sikhs. Dans les rues de Londres, visages et silhouettes rappellent que cette ville-monde, où le pendjabi est la deuxième langue parlée, fut longtemps la capitale du plus vaste empire. Un empire devenu aujourd’hui une libre association de 54 États souverains regroupés au sein du Commonwealth, au nom d’un passé commun et du sang versé pendant deux guerres mondiales. 

Soit plus de deux milliards de terriens, qui conversent en anglais, partagent le goût du thé ou la passion du cricket, entretiennent quelques rituels désuets, à l’image des juges et de leurs perruques, si incommodes sous les tropiques. La Nouvelle-Zélande conserve même le God Save the Queen comme hymne national.

Tous les deux ans, ce joli monde se retrouve pour quelques jours, chez l’un de ses membres, pour un « sommet », sous le patronage bienveillant, matriarcal et respecté de la reine Elizabeth II (Le prince Charles l’a représentée lors du dernier sommet en 2013). Chef d’État de 15 pays de cette famille d’outre-mer, la souveraine reste attachée à ces lambeaux de gloire impériale, liée au souvenir de son père – George VI – couronné dernier empereur des Indes. Née en 1926, elle a été éduquée devant des planisphères couverts de taches roses, la couleur dévolue à l’époque aux colonies et aux dominions.

Lors de ces sommets, on discute amicalement de tout et de rien. On y règle discrètement certains différends. On s’y côtoie dans l’atmosphère informelle et feutrée des clubs britanniques. Le caractère non contraignant de cette organisation, où chacun a voix au chapitre, semble son plus solide ciment. Au point d’attirer aujourd’hui plusieurs États non anglophones qui frappent à sa porte. 

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