Les institutions financières installées en Grande-Bretagne gèrent aujourd’hui plus de 5 000 milliards de livres d’actifs bancaires. Cela représente plus de 450 % du PIB britannique contre seulement 100 % en 1975. D’après la Banque d’Angleterre, ces actifs vont continuer à croître, jusqu’à 950 % du PIB en 2050. Outre les champions nationaux (HSBC, Barclays ou RBS), le Royaume-Uni accueille 150 filiales de banques étrangères originaires de 56 États différents, faisant de la City de Londres la place financière la plus cosmopolite de la planète. Enfin, toujours selon la Banque ­d’Angleterre, le pays exporte l’équivalent de 2 % de son PIB en services financiers, un ratio bien supérieur aux autres pays de l’OCDE.

Le poids du secteur bancaire dans l’économie britannique est sans équivalent. Rapportés au PIB, les actifs bancaires sont deux fois moindres en Allemagne et six fois moindres aux États-Unis ! Malgré la crise financière de 2008, ces chiffres attestent de la vigoureuse santé du secteur financier britannique, un atout pour l’économie de ce pays : création de nombreux emplois dans ce secteur, attractivité internationale de ces activités, disponibilité de liquidités en abondance pour alimenter l’économie réelle.

Mais cette hypertrophie financière présente aussi quelques dangers. Les bénéfices pour l’économie réelle apparaissent en effet discutables puisque les prêts aux particuliers et aux entreprises ne représentent que la moitié du bilan des banques. Ce sont les produits spéculatifs – actions, obligations, produits dérivés et prêts interbancaires – qui mobilisent le plus ces institutions, sans que leurs effets positifs sur les activités productives soient démontrés. Enfin, ce secteur atteint une telle taille qu’il échappe aux capacités d’intervention des États. Plus inquiétant encore : son dynamisme et les spécificités de ses activités (gestion des liquidités, financement de l’économie) le mettent en position de force face à des États, contraints en cas de problèmes de suppléer à ses errements, sans en avoir nécessairement les moyens. « Too big to fail » et bientôt « too big to sustain » ? Autrement dit, trop gros pour tomber et bientôt trop gros pour être sauvé… 

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