Nous l’avions oublié, mais les arbres vivent, se reproduisent et meurent. Ils respirent, expirent et communiquent entre eux. Il semble bien que chaque génération redécouvre avec un regard frais ces immenses végétaux dont nous sommes les amoureux.

Depuis quelques années, de nouveaux prophètes, comme le garde forestier allemand Peter Wohlleben, auteur du best-seller La Vie secrète des arbres, vont même de par le monde en le répétant : les arbres seraient « des êtres sociaux » qui possèdent une mémoire. Il arriverait que certains « allaitent leurs enfants », car il y aurait chez eux des « mères » et des « fils ».

Voilà où nous en sommes : nos grands ancêtres des temps préhistoriques vénéraient les arbres tels des dieux ; nous croyons à présent qu’ils sont à notre image. Cela mérite bien un numéro spécial du 1 car nous pouvons douter de tout, sauf du fait qu’il nous reste beaucoup à apprendre. 

Dans l’entretien qu’elle nous a accordé, la grande spécialiste Andrée Corvol bouscule quelques idées reçues et rappelle plusieurs vérités négligées. Retenons-en au moins une ou deux pour le plaisir. Et tout d’abord que ce sont les arbres qui ont littéralement fondé notre monde, dans le sens où ils l’ont durant des centaines de millions d’années – avant que l’homme n’ait surgi sur Terre – nettoyé, purifié. Sur notre planète gorgée de gaz carbonique, irrespirable, ils ont joué le rôle capital, grâce à la lumière du jour et à la photosynthèse, d’aspirateur géant de CO2. Puis de climatiseur. Ainsi la Terre, impropre à la vie des hommes, devint-elle au fil des temps habitable.

Cela suffit à comprendre leur importance dans l’équilibre de notre monde. Ils étaient là bien avant nous. Ils nous ont préparé la place. Des égards s’imposent, au moins une réflexion afin de cohabiter intelligemment avec eux. On lira ainsi dans les pages qui suivent qu’il ne sert à rien de faire pousser uniformément les mêmes essences par millions sur ordre gouvernemental. Ces arbres-là dépérissent aussi vite qu’ils ont été plantés. On verra aussi qu’il est faux de répéter à l’envi que l’Amazonie est le poumon du monde. Mieux vaudrait s’intéresser à la forêt sibérienne pour lutter contre le réchauffement climatique. Bref, il n’est pas trop tard pour se poser une question capitale : est-ce ainsi que les arbres vivent ? 

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