Comment devient-on grimpeur ?

C’est d’abord une question génétique : vous devez avoir la chance d’avoir une morphologie longiligne qui permette de passer les bosses. Vous pouvez aimer le grand air des cols, si vous avez un physique massif de sprinteur, ce sera beaucoup plus difficile pour vous. Ensuite, c’est une question de mentalité. J’ai découvert la montagne très jeune, aux côtés de mon père et de mon frère aîné. J’aimais la liberté qu’on ressent quand on se retrouve dans les cols, quand on prend de la hauteur et qu’on goûte à la solitude et au silence.

Qui admiriez-vous alors ?

J’avais 7 ans lorsque Richard Virenque a fini deuxième du Tour de France, donc il était évidemment celui qui me faisait vibrer. On ne pouvait pas faire beaucoup mieux en France ! D’ailleurs, le deuxième vélo de ma vie était une réplique du sien, le vélo bleu et jaune Peugeot de l’époque Festina.

Quels sont les premiers cols que vous avez découverts ?

Nous partions en vacances dans la région de Perpignan, et allions rouler dans le massif du Canigou. Je me souviens que la première fois que j’ai escaladé un col là-bas, j’ai réussi à monter, mais pas à redescendre tant la pente me faisait peur ! Je n’avais que 10 ans, mais je n’étais déjà pas un grand descendeur…

Vous aviez aussi des côtes près de chez vous, dans les Vosges…

Bien sûr ! Tous les ans, j’allais voir le Tour de Franche-Comté, une course semi-professionnelle, assez réputée à l’époque, qui se terminait en haut de la Planche des Belles Filles. Je me souviens que la difficulté de cette ascension, la souffrance des coureurs pour arriver au bout, c’est aussi ce qui m’a donné envie d’être grimpeur.

Comment cette souffrance spécifique du grimpeur peut-elle faire envie ?

C’est difficile à expliquer. Quand on attaque un col des Alpes ou des Pyrénées, on sait qu’on s’apprête à souffrir une grosse demi-heure, voire plus d’une heure dans les cols plus longs. Donc pour être grimpeur, il faut aimer se faire mal, tout le temps. Même lors d’une sortie de récupération à l’entraînement, j’ai besoin de me tester, de me faire vraiment mal, une minute, deux minutes. Je pense que notre corps est habitué à

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