La fête est un temps opposé à celui de la vie ordinaire, elle relève d’une autre logique que celle du quotidien, elle est un temps d’exception, et en ce sens d’ailleurs elle ne peut durer, elle implique un retour à la norme. Pour un moment, on vit au-dessus de ses moyens, on cède à un vertige en mesurant moins ses comportements. Ce sont des moments de relâchement, une revanche des corps sur leur effacement habituel. On y danse, on y boit, on s’y drogue, on y fait des rencontres amoureuses, etc. Les bornes du licite sont repoussées, comme si l’ambiance commune devenait soudain celle d’un immense vestiaire où la parole et les gestes se libèrent sans crainte de retombées ultérieures. Moment de respiration où les contraintes sont suspendues, où d’innombrables possibles sont à portée de la main, sans réprobation collective, sans atteinte au sentiment de soi.

Malgré les préconisations pour juguler un rebond possible de la contagion par le coronavirus, des fêtes s’organisent dans le mépris de toute précaution sanitaire, sans masque, sans respect des gestes barrières, les corps se rapprochent et se mêlent. Renoncer à des plaisirs élémentaires pour un bénéfice hypothétique n’est pas nécessairement enviable à ce prix. L’existence ne se réduit pas à la recherche du profit ou de la santé : beaucoup aiment jouir des circonstances sans regarder le prix à payer, et parfois sans souci des autres à leur entour. Averti du danger, l’individu persiste dans sa conduite à cause du plaisir qu’il y prend, du refus qu’on lui dicte ses faits et gestes, ou parce qu’il considère que les autre

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