Maroc

34 millions d’hab. – PIB/hab. : 5 400 $ – fécondité : 2,7 enfants/femme (7 en 1960)

Profitant de la dynamique générale, le Parti de la justice et du développement (PJD), islamo-conservateur, sort vainqueur des élections législatives en 2011. Il accepte sans contestation une cohabitation avec le Palais, qui garde l’essentiel des prérogatives politiques dans le pays. Il remporte aussi les municipales dans les grandes villes en 2015. Son succès se renouvelle aux législatives d’octobre 2016.

 

Algérie 

40 millions d’hab. – PIB/hab. : 7 600 $ – fécondité : 2,8 enfants/femme (8 en 1960)

Des manifestations s’organisent dans le pays début janvier 2011 pour protester contre l’augmentation des prix des denrées de base. Mais elles sont rapidement jugulées par le pouvoir. Le régime va user de la manne pétrolière pour assurer la paix sociale et éviter de voir se lever un vent de contestation contre le régime. La population algérienne, de son côté, a gardé un souvenir traumatisant des combats qui ont opposé les islamistes et l’armée entre 1992 et 2005.

 

Tunisie 

11 millions d’hab. – PIB/hab. : 9 900 $ – fécondité : 2,3 enfants/femme (7,2 en 1960)

Le 17 décembre 2010, un jeune vendeur ambulant, Mohamed Bouazizi, s’immole par le feu en signe de protestation contre le comportement des forces de l’ordre. Très rapidement, un mouvement de contestation contre le régime s’installe dans tout le pays. Après quelques semaines, l’armée bascule du côté des manifestants. Le 14 janvier 2011, le président Zine El-Abidine Ben Ali, critiqué de toutes parts et accusé d’avoir imposé un système de prédation des ressources du pays, fuit vers l’Arabie saoudite avec sa famille. Trois jours plus tard, un gouvernement d’union nationale est formé : il reconnaît la légalité de tous les partis, lève l’interdiction d’activité de la Ligue des droits de l’homme et proclame la liberté de la presse. Bientôt, un opposant historique laïc de gauche, Moncef Marzouki, devient président. Il cohabitera avec des gouvernements dirigés par des membres d’Ennahdha, parti islamo-conservateur issu des premières élections libres. En 2014, une constitution est adoptée, fruit d’un compromis entre les fractions laïques et islamistes du spectre politique. Elle avalise la « nature civile » de l’État tunisien, l’« égalité en droits » des hommes et des femmes et la « liberté de conscience et de croyance », cas unique dans les pays musulmans. Parallèlement se développe une réaction djihadiste radicale qui génère plusieurs attentats terroristes en Tunisie, ce pays étant l’un de ceux qui fournissent le plus de recrues aux contingents étrangers de l’Organisation de l’État islamique et d’autres mouvements djihadistes, comme Al-Nosra, en Syrie.

 

Libye 

6,3 millions d’hab. – PIB/hab. : 12 300 $ – fécondité : 2,4 enfants/femme (7,8 en 1960)

Des émeutes contre le régime de Mouammar Kadhafi débutent le 13 février 2011 à Benghazi, deuxième ville du pays. La ville tombe bientôt dans une insurrection armée. Une guerre civile s’engage entre les forces loyalistes et les insurgés. Le Conseil de sécurité de l’ONU vote le 17 mars une intervention armée occidentale pour protéger la population de Benghazi d’un massacre. Menée par la France, celle-ci se transforme en soutien actif à l’opposition armée qui s’empare du pays à l’issue d’un conflit qui dure jusqu’en octobre 2011. Kadhafi est assassiné dans des circonstances peu claires. Depuis, la Libye s’est progressivement enfoncée dans une guerre entre factions rivales, et a vu s’installer sur son territoire depuis 2014 un mouvement important (le Majlis ach-Choura) affilié à l’Organisation de l’État islamique.

 

Égypte 

90 millions d’hab. – PIB/hab. : 6 700 $ – fécondité : 2,8 enfants/femme (6,7 en 1960)

Le printemps égyptien débute le 25 janvier 2011, lorsque des dizaines de milliers de manifestants se regroupent dans les grandes villes du pays. Le 1er février, 8 millions d’Égyptiens sont dans les rues, dont 2 millions au Caire. Le président Hosni Moubarak ne parvient pas à calmer les esprits. Le 11 février, il démissionne. Organisé en mars par le pouvoir intérimaire, un référendum valide l’adoption d’une nouvelle constitution. Les élections législatives voient la victoire du parti islamiste historique, les Frères musulmans. Le 30 juin 2012, leur candidat, Mohamed Morsi, emporte également la présidence. Au printemps 2013, un mouvement de contestation du président prend des proportions massives, reprochant au régime islamiste à la fois son incompétence et sa propension à tout contrôler. Le 3 juillet, Morsi est destitué par un coup d’État militaire mené par le général Abdel Fattah Al-Sissi. Celui-ci engage immédiatement une féroce répression des Frères musulmans, incluant des massacres, et impose de vastes restrictions à l’exercice des droits démocratiques. Le 28 mai 2014, il remporte une élection présidentielle en recevant 96 % des suffrages.

 

Syrie 

22 millions d’hab. – PIB/hab. : 5 100 $ – fécondité : 3 enfants/femme (7,7 en 1960)

Les premières manifestations spontanées dénonçant la dictature surgissent dans plusieurs villes à la mi-mars 2011. Le dictateur Bachar Al-Assad réplique instantanément en faisant tirer sur la foule de jeunes manifestants à Deraa, dans le Sud syrien, procédant à des arrestations massives et à des tortures dans certains cas. S’ensuivent des mobilisations de plus en plus massives appelant à la chute du régime et clamant : « Non à la confessionnalisation, la militarisation et l’internationalisation de la révolte. » Pourtant, très vite, le conflit, à l’initiative d’Assad, prend un tour armé. L’opposition est divisée entre l’Armée syrienne libre (ASL), nationaliste, et différents mouvements islamistes. Le régime vise clairement à se débarrasser prioritairement de l’ASL, sur laquelle il concentre sa répression, pour se retrouver face aux seuls islamistes – tactique qui, de son point de vue, va s’avérer payante. Dans un premier temps, le djihadisme radical est représenté par le Front Al-Nosra, filiale d’Al-Qaïda, avec lequel les forces islamiques « modérées » et les laïcs feront alliance sur le terrain militaire. Peu à peu, la frange non islamiste de l’opposition se délite, les Occidentaux hésitant à armer l’ASL de crainte que la Russie et l’Iran n’arment plus encore le régime. Le Front Al-Nosra est confronté dès 2013 à la concurrence d’une nouvelle organisation djihadiste, Daech, dominante dans l’est du pays. L’ancrage de Daech, à cheval sur la Syrie et l’Irak, est la première manifestation d’une revendication d’annulation des frontières héritées du partage colonial du Moyen-Orient à l’issue de la Première Guerre mondiale.

 

Jordanie 

6,7 millions d’hab. – PIB/hab. : 6 100 $ – fécondité : 3,3 enfants/femme (7,9 en 1960)

Les manifestations contre la cherté de la vie commencent à la fin janvier 2011. Très rapidement, leur mot d’ordre s’étend à la dénonciation de la corruption. Le gouvernement réagit en abaissant les prix de certains produits de base et en recrutant 20 000 fonctionnaires (dont 6 000 policiers). Le mouvement se poursuit durant près d’un an, avant de s’éteindre.

 

Irak 

37 millions d’hab. – PIB/hab. : 7 200 $ – fécondité : 4,1 enfants/femme (6,1 en 1960)

Après la guerre américaine en Irak en 2003, un djihadiste jordanien, Abou Moussab Al-Zarqaoui, fonde en 2006 la filiale locale d’Al-Qaïda. Un membre de ce groupe et ancien prisonnier de la prison américaine d’Abou Ghraib, qui prend le surnom d’Abou Bakr Al-Baghdadi, crée à son tour ce qui deviendra, en 2013, l’Organisation de l’État islamique en Irak et au Levant, puis l’Organisation de l’État islamique (OEI), dont l’acronyme arabe est Daech. Ce mouvement armé fait scission avec Al-Qaïda et bénéficie du sentiment d’abandon d’un très grand nombre de sunnites dans la région. Ceux-ci voient leur place minorée en Irak par un régime majoritairement chiite et font pour beaucoup l’objet des attaques du régime d’Assad en Syrie. L’OEI s’empare d’un territoire à cheval sur la frontière syro-irakienne où la population sunnite est amplement majoritaire et, le 29 juin 2014, annonce à Mossoul l’instauration du califat. En octobre 2016, une coalition menée par l’armée irakienne lance la reprise de la ville. Elle bénéficie de l’appoint de forces kurdes et iraniennes, ainsi que d’un soutien aérien américain et français.

 

Arabie saoudite 

30 millions d’hab. – PIB/hab. : 31 800 $ – fécondité : 2,7 enfants/femme (7,2 en 1960)

Alors que la Turquie apporte son soutien aux Frères musulmans dans le « printemps » égyptien, l’Arabie saoudite, elle, se range aux côtés de la hiérarchie militaire. Traditionnellement, la monarchie wahhabite est hostile à la confrérie des Frères, qu’elle accuse de mêler religion et politique. Riyad va soutenir le coup d’État militaire de juillet 2013 au Caire. Sur le plan intérieur, son attitude oscille entre un renforcement de la répression sociale et pénale, et des ouvertures pour éviter au royaume de connaître une explosion que beaucoup lui prédisent, en particulier avec la baisse de la manne pétrolière.

 

Bahreïn 

1,3 million d’hab. – PIB/hab. : 29 200 $ – fécondité : 2,1 enfants/femme (7 en 1960)

Dans cet émirat dominé par une monarchie sunnite, la population est aux deux tiers chiite. Les manifestations populaires qui débutent à la mi-février 2011 portent autant sur des revendications politiques (l’égalité des droits) que sociales. Elles sont rapidement et durement réprimées. Après trois semaines, alors que les manifestants remettent en cause le pouvoir monarchique, les forces armées saoudiennes et celles des Émirats arabes unis viennent aider le régime à rétablir l’ordre.

 

Qatar 

2,2 millions d’hab. – PIB/hab. : 103 900 $ – fécondité : 2 enfants/femme (6,9 en 1960)

Le Qatar sera un intervenant actif dans deux pays durant les printemps arabes. En 2011, en Libye, il joint ses forces aériennes à celles des Français et des Britanniques pour renverser le régime de Mouammar Kadhafi. En Syrie, le Qatar est soupçonné d’avoir amplement financé les forces d’Al-Nosra (filiale d’Al-Qaïda) et, au départ, de Daech.

 

Émirats arabes unis 

9,5 millions d’hab. – PIB/hab. : 49 800 $ – fécondité : 1,8 enfant/femme (6,9 en 1960)

Les Émirats ont envoyé des troupes aider à la répression des manifestations au Bahreïn.

 

Yémen 

25,5 millions d’hab. – PIB/hab. : 2 300 $ – fécondité : 4,2 enfants/femme (7,4 en 1960)

En 2011, les représentants de la tendance islamo-conservatrice acceptent de jouer le jeu démocratique et sont légitimés par les urnes. En mars 2015, l’Arabie saoudite, pour contrecarrer la signature d’un accord entre Washington et Téhéran sur le nucléaire iranien, lance une vaste offensive militaire contre la rébellion houthiste, d’obédience zaïdite (une lointaine scission du chiisme), pour laquelle Riyad tente de mobiliser le monde sunnite. Le paradoxe de cette guerre saoudienne est qu’elle a permis à Al-Qaïda et à l’État islamique de consolider leur implantation dans le désert de l’Hadramaout, dans le nord-est du pays.

 

 

Sources : Ligue arabe, Banque mondiale.Les chiffres des populations datent de 2014, ceux du PIB de 2012, ceux de la fécondité de 2010. Voici, à fin de comparaison, les données correspondantes pour la France : 66 millions d’hab. – PIB/hab. : 40 800 $ – fécondité : 2,03 enfants/femme (2,85 en 1960).

 

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