J’ai ressenti une grande joie en apprenant qu’Annie Ernaux avait reçu le prix Nobel de littérature. D’abord pour son œuvre remarquable ; ensuite parce qu’il couronne une femme, et elles ne sont pas si nombreuses quand on regarde la liste des récipiendaires… Sans vouloir à tout prix sacrifier à l’esprit du temps, alors qu’il existe des écrivaines de premier plan, ce sont surtout des hommes qui ont obtenu cette distinction. Cette année, c’est un prix à la fois français, politique et littéraire. Ce sont des choses qui me touchent.

J’ai découvert Annie Ernaux à 21-22 ans. Je me souviens de l’avoir lue sur une pelouse au château de Vincennes, j’étais alors étudiant à Paris. Je me revois aussi lisant Les Années dans une rame bondée du RER B. Mes yeux se mouillaient en allant au Parc des expositions où j’avais un travail ingrat, pendant que je lisais cette merveille qui me soufflait à l’oreille : le monde est fait de cette manière-là, ne sois pas dupe. D’une certaine façon, Annie Ernaux me disait : « Tiens bon et révolte-toi. » Ses livres donnent des leçons d’élucidation du monde et de soi-même, des leÃ

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