Ces dernières années, le combat féministe français s’est focalisé sur les droits sexuels et reproductifs ainsi que le harcèlement au travail, en délaissant la question financière… Peut-être parce que le féminisme français s’est construit sur un cadre théorique marxiste ou parce que le tabou pesant sur l’argent est toujours prégnant dans notre culture. Mais alors que les femmes s’émancipent, que le célibat est en train de devenir la norme, les inégalités financières perdurent. Les écarts de salaires sont encore compris entre 9 % et 23 % selon la méthode de calcul – soit à poste équivalent, soit dans l’ensemble de la société en tenant compte des postes occupés. Pire, après un divorce le niveau de vie des femmes baisse de 27 %, d’après l’Insee. Les inégalités de patrimoine – ou de matrimoine – sont fortes, celui des femmes pesant 15 % de moins. Le rapport annuel de la Fondation Abbé-Pierre évoque un « genre du mal-logement », expliquant que les mères de famille monoparentale sont de plus en plus nombreuses à se retrouver sans solution de logement après la séparation, même quand elles ont été victimes de violences conjugales. D’ailleurs, un tiers des appels au 3919, le numéro d’écoute national Violences Femmes Info, concernent des situations de violences économiques au sein du couple : le fait d’empêcher sa conjointe de travailler ou de dépenser son salaire comme bon lui semble, d’accaparer ses aides sociales…

Elles gèrent les dépenses courantes, le budget quotidien, les pots de yaourt… celles qui ne laissent pas de traces et de factures

Ce problème prend racine dans le couple hétérosexuel où l’écart de salaire entre les deux conjoints – l’homme est souvent plus âgé et occupe un meilleur poste – est de 42 % en moyenne. Et la division sexuée des tâches s’établit en défaveur des femmes. Elles gèrent les dépenses courantes, le budget quotidien, les pots de yaourt… celles qui ne laissent pas de traces et de factures ; tandis que les hommes gèrent les investissements dans l’immobilier, la voiture ou l’assurance-vie. Plus le foyer est aisé, plus ces derniers en tiennent les finances. Au moment de la séparation, ils récupèrent d’ailleurs la majorité des biens, comme le rappellent les autrices Lucile Quillet et Titiou Lecoq. Alors que les femmes bataillent pour récupérer une pension alimentaire de 170 euros en moyenne, selon le ministère de la Santé. Il est donc temps que les femmes prennent en main la gestion de leurs finances, du budget aux investissements, qu’elles fassent les comptes pour prévoir l’avenir. Et que les célibataires arrêtent d’attendre le prince – ou la princesse – charmant avant d’investir. La menace qui pèse sur les retraites – notamment celles des femmes aux carrières hachées – constitue une raison de plus de construire son avenir financier.

Les femmes ne se reconnaissent pas dans la presse économique traditionnelle, où elles ne représentent que 26 % des personnes citées dans les articles. Mais il y a aussi un déficit de formation budgétaire et financière. En France, on peut quitter l’université sans jamais avoir appris comment fonctionne un budget, le système des retraites ou la Bourse. Parler aux femmes d’argent et d’investissement, comme nous le faisons au sein du média Plan Cash depuis décembre 2020, n’est pas un combat libéral. Ces sujets ne concernent pas uniquement les classes moyennes et supérieures. Il s’agit également d’apporter les informations dont elles ont besoin aux classes populaires et de favoriser le recours aux aides publiques auxquelles les femmes ont droit, bref, de tout faire pour améliorer le niveau de vie de chacune et chacun. 

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