Avorter en zone rurale : un parcours de la combattante
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Ariane* est sous stérilet lorsqu’elle tombe enceinte. Ironie du sort, elle venait de décider, avec son compagnon, de ne pas avoir d’enfant. La trentenaire, employée territoriale dans une petite commune du Limousin, est sous le choc, mais résolue. Elle avortera. « C’est là que commence mon parcours de la combattante », témoigne la jeune femme. Alors qu’une femme sur trois sera amenée à avorter au cours de sa vie, l’accès à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) demeure en effet très inégal sur le territoire métropolitain. Et pour les 11 millions de femmes qui vivent dans des zones rurales en France, faire valoir ce droit peut vite devenir un calvaire.
Un chemin semé d’embûches
Premier écueil : la distance. Ariane vit sur le plateau de Millevaches, à la frontière entre la Creuse et la Corrèze. Le centre d’IVG le plus proche de chez elle est un hôpital, situé à une heure de route. Or, une IVG nécessite plusieurs rendez-vous : un entretien préalable, la procédure, la visite de contrôle, et souvent une consultation psychosociale, obligatoire pour les mineures. Un casse-tête logistique pour Ariane, qui doit s’absenter de son travail pendant des journées entières. « C’était difficile à justifier auprès de mon employeur, se souvient-elle, et mon compagnon n’a pas pu m’accompagner. Heureusement, j’ai une voiture. Sinon, ç’aurait été impossible. » Une situation qui pénalise tout particulièrement les mineures ou les jeunes adultes, qui sont statistiquement moins mobiles et dépendent souvent de leur famille pour les conduire. « Cela met à mal la confidentialité des avortantes, et parfois même leur sécurité », alerte Justine Chaput, doctorante en démographie à l’Institut national d’études démographiques (Ined) et spécialiste de l’avortement.
Une partie importante des gynécologues qui réalisent des avortements sont proches de la retraite
Deuxième difficulté : le choix. Il existe aujourd’hui deux techniques d’avortement : d’une part, l’IVG médicamenteuse, qui peut être réalisée à domicile jusqu’à la fin de la septième semain
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