Depuis quand la notion de service public est-elle utilisée en France ?

C’est une notion qui a été définie par un juriste de l’entre-deux-guerres, Léon Duguit. Dans un traité de droit constitutionnel de 1923, il définit le service public comme un ensemble de services – qu’il s’agisse de protections, de commodités, etc. – que seule la « puissance gouvernante » est en mesure d’apporter aux citoyens. C’est donc une notion neuve que l’on peut rattacher à l’idée de l’État-providence qui s’impose après la Seconde Guerre mondiale.

Beaucoup d’entre nous ont pourtant l’impression que cette notion existe depuis bien plus longtemps.

Parce qu’on peut l’inscrire dans une durée plus longue. L’idée de nationaliser un certain nombre d’industries, notamment les chemins de fer, remonte par exemple à la fin du Second Empire. On la trouve dans la fraction de gauche des républicains, chez Léon Gambetta. L’ambition d’un service scolaire primaire laïque, gratuit et obligatoire est portée par Jules Ferry. L’enseignement scolaire relève bien d’une conception d’un service rendu au public. La loi est votée en 1882. La notion de service public n’existe pas encore, mais l’idée circule. 

Cela se cristallise à ce moment-là ?

Je ne dirais pas cela. Le service public se construit par étapes. En 1928, Raymond Poincaré, qui n’est pas vraiment un homme de gauche, dirige un gouvernement, lequel donne naissance aux habitations bon marché. Il s’agit d’une manière de service public, l’ancêtre des HLM. Plus tard, le Front populaire marque un vrai tournant. C’est en 1938 que sont nationalisés les chemins de fer et que la SNCF voit le jour. Le vœu de Gambetta se concrétise. Avec le Front populaire, on assiste à la résolution de tous les blocages de la IIIe République. Mais on ne

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