Dimanche soir, ça y est, elle a gagné. Elle est appelée comme Premier ministre, ou plutôt a gagné la présidentielle. Au travail ! Sachant que sa mesure phare est la sortie de l’euro, on peut imaginer que les marchés attaquent, dès lundi matin. Les titulaires d’obligations françaises en euro les vendent ; ceux qui ont des euros en cash fuient vers le dollar ou ailleurs. 4 000 milliards d’euros (la valeur de l’épargne) sont prêts à partir. L’exode des capitaux peut être ralenti, voire stoppé par un rétablissement du contrôle des changes. Première mesure du gouvernement Le Pen : rétablir le contrôle des changes. Mais le franc qui ressurgit est immédiatement attaqué et dévalué de... ? 25 ? 40 % ? Il y a, en France, ­2 000 milliards d’euros de dette publique et environ 1 600 milliards de dette privée (entreprises essentiellement). Dans les deux cas, les deux tiers des créanciers sont des étrangers. Ils vendent. Les créanciers français aussi, d’ailleurs, peu patriotes sur le moment. Surcroît d’offre sur la demande, leurs valeurs tombent. Aussitôt, les titulaires de CDS font jouer leurs droits : CDS, credit default swaps, contrats d’assurance garantissant la valeur des obligations. 

Les créanciers français exigent d’être remboursés en euro, mais comme 97 % des dettes françaises sont soumises au droit français (la lex moneta française), le Trésor les rembourse au prix en francs de l’euro à la veille de la création de la zone euro. Ce qui n’empêche en rien les créanciers de demander le remboursement. La Banque de France, ressuscitée, fait tourner plein pot la planche à billets et rachète à tour de bras la dette publique. À la dévalorisation du franc sur les marchés s’ajoute alors une colossale inflation monétaire. Certes, la dévalorisation de la monnaie booste les exportations ; mais pas les ventes d’avions, dont le prix reste libellé en dollar tant que l’Allemagne, l’Espagne, le Royaume-Uni restent cofabricants. Sur les 27 % du PIB que représentent les exportations, seulement 10 % sont favorisés. Le reste est soit coproduit, soit exige une grosse part d’importations dans la fabrication. Il est vrai que 72 % de la production est franco-française, donc moins affectée. Le prix de l’essence monte, mais guère (les taxes représentent 70 % du prix).

L’inflation entraîne une forte baisse du pouvoir d’achat. La Banque de France décide alors de stopper l’émission monétaire, pour casser les anticipations spéculatives sur la baisse du franc. La baisse du pouvoir d’achat devient une réalité, la demande s’effondre, la production chute, le chômage augmente. « C’est provisoire, dit la présidente, car les bienfaits du retour de la souveraineté monétaire vont bientôt se faire sentir. » Hélas, la dévaluation de la monnaie ne permet de conquérir que des marchés de basse qualité. Sur les voitures haut de gamme, les machines-outils, on ne sait toujours pas faire, et la monnaie forte ne pénalise pas les Allemands. En revanche, nos exportations de porc se rétablissent. Suite au plan de remboursement de la dette, les finances publiques se redressent : les intérêts ont partiellement disparu, les fonctionnaires ne sont pas augmentés, un programme « d’austérité sociale » est mis en place.

Les grands groupes qui font 80 % de leur chiffre hors de France se portent toujours aussi bien. La suite ? Comme la situation économique empire, la présidente accuse le complot de l’étranger. Suite à de violentes manifestations, elle fait jouer l’article 16 de la Constitution. 

Et là...  

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