« Je n’ai pas le temps ! » Cette formule est sans doute l’une des expressions que nous employons le plus souvent dans notre vie professionnelle ou privée. Et en vertu d’une habitude de pensée qui nous pousse à embellir le passé aux dépens du présent, nous considérons que cette situation est propre à notre présent, comme si les époques antérieures avaient été mieux loties en termes de temps disponible. D’où l’idée fort répandue qu’on n’a plus le temps. Notre époque serait marquée par ce que Gilles Finchelstein a appelé « la dictature de l’urgence ». Mais, dira-t-on, ce diagnostic est-il bien exact ? Les hommes n’ont-ils pas depuis toujours éprouvé, à des degrés divers, ce sentiment de manquer de temps ? Déjà dans l’Antiquité, au Ier siècle après Jésus-Christ, Sénèque écrivait une satire féroce de l’affairement, qu’il opposait au loisir du sage. Les gens occupés n’ont selon lui jamais assez de temps, car ils ne font que le dilapider ou accepter que des pilleurs de temps (clients, relations, etc.) le leur dérobent abusivement. Il avertit son ami Lucilius : « Ne te paie jamais d’une telle excuse [le fameux “je n’ai pas le temps”]. J’ai du loisir, et en a qui veut. Les affaires ne nous cherchent pas ; c’est nous qui no

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