Lucrèce - Quand les lumières
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Quand les lumières, quand les rayons du soleil
se glissent dans l’obscurité d’une chambre, contemple.
Tu verras parmi le vide maints corps minuscules
se mêler de maintes façons dans les rais de lumière
et comme les soldats d’une guerre éternelle
se livrer par escadrons batailles et combats
sans s’accorder de trêve et toujours s’agitant,
au gré des alliances et séparations multiples.
C’est ainsi que tu peux saisir par conjecture
l’éternelle agitation des atomes dans le grand vide,
pour autant que de grandes choses une petite
puisse donner l’exemple et tracer le concept.
De la nature (De rerum natura), traduit du latin par José Kany-Turpin © Flammarion, coll. « GF »
En grec ancien, atomos signifie indivisible. C’est par ce terme qu’Épicure, après Démocrite notamment, désigne les corps premiers qui composent la matière. Car la nature est faite, selon lui, de deux réalités : le vide et des particules invisibles mais indestructibles. Ces dernières présentent des formes variées, mais en nombre fini. Elles s’assemblent dans le corps et l’âme, qui, eux, sont mortels. Nous, les hommes, vivons et disparaissons dans une nature sans influence des dieux, parmi une infinité de mondes. Il n’est d’autre objectif à la philosophie que notre bonheur qui passe par l’émancipation des craintes. L’enseignement d’Épicure aboutit à une morale où l’amitié et le plaisir sain des désirs naturels rassasiés ont la grande part : une sagesse à la modernité étourdissante qui se déguste avec un accompagnement d’exception, le miel de la beauté. Car un long poème de Lucrèce, un disciple latin, en reste la principale retranscription. Au guerrier ier siècle avant Jésus-Christ, il rédige avec De la nature une épopée de la connaissance. Les vers ci--dessus, du chant II, témoignent du principe analogique du sensible et de l’invisible, source de nombreuses erreurs et d’intuitions fondamentales. Il faut relire les textes antiques pour mieux comprendre les détours qui aboutiront à la pensée scientifique et, comme le physicien Heisenberg, se ressourcer par exemple au Timée de Platon. Et plonger en poésie pour donner une forme aux abstractions et mieux percevoir « l’hydre Univers tordant son corps écaillé d’astres », selon le vers de Victor Hugo.


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