Quand j’étais enfant, on allait à l’école à vélo jusqu’à l’âge de la mob. Puis, dès 18 ans, on passait à la voiture, souvent une épave mobile. Les filles, ça allait avec les mobs et les boums, d’où l’enjeu de la selle longue pour pouvoir chaler, c’est-à-dire transporter quelqu’un. Aujourd’hui, nombre de jeunes ne passent pas le permis, et à Paris la majorité des habitants n’ont plus de voiture. Demain, sans doute, avec la voiture sans chauffeur, les enfants iront à l’école seuls dès le CP. Nous assistons donc à un brouillage des âges au profit d’une ville à plusieurs vitesses. Le vélo est en train de fixer la vitesse urbaine ordinaire dans une grande partie de la ville. Et il est devenu mixte. Mis en place il y a dix ans, le Vélib’ représente déjà 40 millions de déplacements annuels. Demain – enfin, après-demain –, avec le vélo électrique et l’accès à toute la métropole, 200 ou 500 millions de déplacements, peut-être plus. Autant dire que les vélos seront les vrais rois dans une grande partie de la ville. Ils y fixeront la vitesse moyenne, entre les chemins piétonniers et les axes plus rapides réservés aux automobilistes.

C’est la vitesse qui fera la ville. Ici, le piéton sera roi, vélos et voitures devront le suivre s’ils veulent utiliser la même voie. Là, le vélo sera roi, les voitures devront les suivre. Et là-bas, enfin, il n’y aura que des voitures sur des axes pénétrants. Je sais bien qu’en France on réfléchit encore souvent en termes de trottoirs, pistes cyclables et voies automobiles. Et que nombre de cyclistes pensent qu’ils sont des piétons avec des roues pouvant passer partout tant ils sont écolos. Moi, je rêve d’une ville du temps. Des rues piétonnes où l’on avance à un mètre par seconde, 4 kilomètres par heure. Des « rues vélos » à 12 kilomètres par heure, des « rues voitures » à 50 kilomètres par heure. Libre à chacun d’utiliser le mode de transport de son choix mais de respecter la vitesse de la rue. Par exemple des voies sur berge à 4 kilomètres-heure, pourquoi les interdire aux voitures la nuit ou en semaine ? La pollution y serait très faible. Évitons quand même les routes de campagne à la vitesse des tracteurs ! 

Vous avez aimé ? Partagez-le !