« L’heure est aux saines résolutions. Je ne taperai plus les gorilles. Je croquerai moins de cailloux. Je marcherai sur mes deux pieds. Ce sera dur, mais que serions-nous si nous n’imposions parfois à notre volonté ces défis qui la renforcent en l’éprouvant ? » C’est l’écrivain Éric Chevillard qui se moque ainsi des bonnes résolutions dans son blog L’Autofictif. Pour ma part, comme médecin, j’aime bien, quand même, les résolutions ! Il me semble qu’elles comportent nombre de bons côtés, nous aidant à réfléchir sur nos vies et nous poussant à bouger. Car, si personne ne prend jamais de mauvaises résolutions (boire trop, ne jamais faire de sport, stresser et s’énerver, négliger ses amis), le fait de ne pas en prendre de bonnes augmente aussi le risque de laisser persister chez nous, par passivité et inertie, des habitudes indésirables.

Mais une question d’abord : les bonnes résolutions, est-ce que ça marche ? Les recherches nous révèlent qu’environ une personne sur deux se prête au jeu des résolutions de Nouvel An. Que parmi celles-ci, les plus fréquentes sont : arrêter de fumer, perdre du poids, faire plus d’exercice. Et que ça ne marche pas si mal : environ 40 % de résolutions prises continuent d’être tenues après six mois ; et 20 % le sont encore après deux ans. Ce n’est pas du 100 %, mais c’est nettement mieux que l’absence de résolutions !

Ce qui facilite la réussite de nos bonnes résolutions, en réalité, ce sont les méta-résolutions, soit des résolutions sur nos résolutions. Vocable technique, voire pédant, mais importance réelle ! En voici quelques-unes.

Choisir le bon moment : c’est-à-dire une période de vie où l’on ne se sent pas écrasé par trop de soucis et de stress ; c’est pour cela que la plupart des résolutions se prennent lors des grandes vacances ou des fêtes de fin d’année ; ou bien lors d’anniversaires, qui sont aussi des dates symboliques fortes, motivant de « nouveaux départs ».

S’engager devant d’autres, ou mieux, prendre les résolutions à plusieurs : le fait de se sentir engagé au sein d’un groupe amical représente une motivation supplémentaire.

Ne pas attendre : une fois la résolution prise, s’y mettre dès le lendemain ! Chaque jour qui passe joue en notre défaveur.

Repérer à l’avance les pièges et les prétextes qui pousseront à ne pas tenir la résolution. Par exemple, prévoyons comment nous équiper pour sortir courir même s’il pleut ou s’il fait froid ; ou pensons aux moments où l’envie d’une cigarette nous saisira à nouveau (après un repas, lors d’une soirée) et prévoyons que faire alors.

En cas de faux pas, et de retour des vieilles habitudes, surtout ne pas culpabiliser, ne pas abandonner : tous les spécialistes rappellent que les faux pas font partie du processus, ils sont normaux ! On trébuche très souvent avant de transformer une résolution en habitude. Inutile de nous accuser de manquer de volonté ou de nous dire que c’est trop dur pour nous ; le faux pas est la règle, pas l’exception !

Enfin, laisser tomber la logomachie des « défis » et autres « challenges ». Cela nous met une pression inutile, et facilite la culpabilité et l’autodévalorisation en cas d’échec. Voyons plutôt les résolutions comme des expérimentations destinées à rapprocher doucement notre mode de vie de nos idéaux, sans recherche de performance.

Cette période de début d’année, c’est aussi celle des vœux, ces bienfaits que d’autres nous souhaitent. Nous pouvons les transformer en résolutions : que faire pour que ces vœux (s’ils nous conviennent) se réalisent ? C’est sans doute ce à quoi songeait l’écrivain Jules Renard, qui notait ce petit échange – sans doute du vécu – dans son Journal, le 28 janvier 1901 : « Je vous apporte mes vœux. – Merci. Je tâcherai d’en faire quelque chose. » C’est en tout cas ce que je vous souhaite ! 

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