Les avez-vous remarqués, ces minuscules changements, partout, tout le temps ? Ils occupent le moindre interstice de temps dans nos journées déjà bien chargées. Ils alourdissent le quotidien discrètement, sans que l’on n’y fasse guère attention. Il faut chercher ses produits préférés dans les rayons des supermarchés parce que la disposition a encore changé. Il faut effectuer la mise à jour d’une application sur son téléphone pour la troisième fois ce mois-ci pour pouvoir continuer à l’utiliser. Selon les règles du marketing, changer régulièrement maintiendrait l’attraction des clients pour un produit. Quand une revue se vend bien, on veille à offrir régulièrement une nouvelle maquette. Or ces micro-adaptations par centaines saturent notre attention. Elles m’évoquent ce que Hannah Arendt disait des sociétés totalitaires, bien que notre contexte soit évidemment différent : elles sont fondées sur le mouvement car celui-ci nous contraint à placer notre énergie dans l’effort d’adaptation continu et nous rend ainsi docile. C’est comme cela que la liberté disparaît progressivement, tout comme son goût, car c’est en faisant l’expérience de la liberté que l’on nourrit le désir que l’on a pour elle. Il y a donc là quelque cho

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