DE CE BILLET, on attend un clin d’œil, un peu de légèreté. Mais qui a envie de sourire à propos du viol ?

Le procès de Mazan ne m’inspire pas. À quoi servirait-il de gloser sur les crimes du grand pervers qui endormait sa femme pour la livrer à des dizaines d’inconnus ? Cette affaire hallucinante nous détourne d’ailleurs du vrai drame que sont les viols commis à chaque instant, par toutes sortes de gens, dans une tragique banalité.

À défaut de légèreté, la tentation serait de prendre les choses à l’envers, en y allant franco, avec de gros sabots. Par exemple, mettre dans la bouche de l’auteur d’une agression sexuelle tous les stéréotypes imbéciles ou scandaleux entendus en pareille circonstance.

« Elle l’a bien cherché… Un homme normalement constitué ne résiste pas à une telle tenue… Elle y a pris du plaisir… Elle s’est laissé faire… Souvent les femmes aiment être forcées, elles disent non pour dire oui… Si elle ne mentait pas, elle aurait porté plainte tout de suite… Pourquoi faire toute une histoire de cet incident ? Que je sache, il n’y a pas eu mort d’homme – de femme en l’occurrence… »

Et, pour trouver une chute (car il faut toujours une chute dans un billet), l’individu finirait par réclamer les excuses de cette mauvaise coucheuse qui l’aurait piégé.

Mais je n’ai pas envie de me mettre dans la peau d’un type dont des féministes suggèrent que tous les hommes auraient quelque chose de lui. Je ne suis pas un violeur potentiel et n’en connais pas autour de moi. J’aimerais parler de la douceur au masculin, des hommes aimants, prévenants, mais ça ne fait pas une chute. De là à déclarer forfait et ne rien dire, alors que la parole se libère… Non, pas chut. 

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