La Chine, qui accueille le 4 février ses seconds Jeux olympiques – ceux d’hiver après ceux d’été – en l’espace de quatorze ans – une rareté –, fascine ou inquiète, souvent les deux à la fois. Après avoir affiché leur volonté de faire rattraper à la Chine son retard économique à marche forcée, ses dirigeants – avec l’avènement au pouvoir en 2013 d’un nouvel homme fort, Xi Jinping – ambitionnent d’imposer un modèle de « démocratie populaire » plus adapté au monde nouveau et capable de concurrencer la démocratie à l’occidentale, qu’ils jugent en échec. Ces JO, nous explique le chercheur Jean-Pierre Cabestan, qui réside à Hong Kong, seront l’occasion pour le régime chinois de « montrer au monde la supériorité de son système politique » – supériorité qui se serait incarnée dans la mobilisation contre la pandémie de Covid-19, que les autorités chinoises présentent comme un succès majeur.

Mais, à cette occasion, ce n’est pas tant la politique de l’État chinois que le 1 a voulu éclairer – même si elle ne pouvait être complètement absente de ce numéro – que l’évolution de sa société, le regard que celle-ci porte sur le régime, son état d’esprit actuel et les nouvelles tendances qu’on y voit émerger. Qui sait, par exemple, comme nous l’explique le spécialiste de l’Asie Claude Leblanc, qu’en l’espace d’une décennie, la construction de 40 000 kilomètres de voies pour trains à grande vitesse a bouleversé le lien entre la « Chine utile » (côtière) et la « Chine profonde » (intérieure) ?

Dans un grand périple, Agnès Gaudu, journaliste à Courrier international, montre pour sa part la façon dont les réseaux sociaux et les nouvelles technologies ont envahi le quotidien des Chinois, parfois très au-delà de ce qu’on imagine dans nos contrées. Avec, pour corollaire, le développement d’une cybersurveillance de la population par le régime, qui prend des formes dignes de 1984. Elle montre aussi la poussée de nationalisme, en particulier au sein de la jeunesse – poussée particulièrement visible, là encore, sur les réseaux sociaux.

Cette spécialiste pointe, enfin, un étonnant paradoxe : des décennies durant, les couples chinois ont vécu dans l’impératif de l’« enfant unique ». Vieillissement de la population oblige, les dirigeants prônent désormais deux ou même trois enfants par couple. Pourtant… jamais le taux de natalité n’a été aussi bas. Le régime entend afficher sa puissance, mais les Chinois montrent en silence leur inquiétude. 

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