L’édification du socialisme exige-t-elle, oui ou non, de faire beaucoup d’enfants ? Les Chinois en perdent leur latin. Un jour c’est noir, le lendemain c’est blanc. Après avoir poussé à la production pour favoriser le Grand Bond en avant, le Parti a freiné des quatre fers et imposé la politique de l’enfant unique. Malheur à qui transgressait cette loi ! Mais, en 2016, le timonier a viré de bord : devant l’effondrement de la natalité et le vieillissement de la population, un second bébé a été permis. Et, depuis le printemps de l’année dernière, ce ne sont plus deux enfants, mais trois qui sont autorisés, sinon souhaités.

Tant qu’à faire, quand on ne leur accordait qu’un seul héritier, beaucoup de couples préféraient avoir un garçon. D’où de nombreux avortements sélectifs, surtout dans les campagnes. Le Parti avait alors mis de l’eau dans son vin : si la loi s’appliquait dans toute sa rigueur aux Chinois des villes, les Chinois des champs pouvaient avoir, si l’on peut dire, un enfant et demi : la naissance d’une fille autorisait une seconde maternité.

Résultat : l’empire du Milieu a perdu sa symétrie. Il compte plus d’hommes que de femmes, l’autre moitié du ciel s’étant rabougrie. Cela ne suffit pas à expliquer la baisse de la natalité. Maintenant qu’ils peuvent faire des enfants, les jeunes Chinois n’en veulent plus ! Ils sont marqués par le modèle familial dans lequel ils ont été élevés.

Ou alors ils renoncent à se marier. Les célibataires sont de plus en plus nombreux. Comme la réalisatrice Elena Tang, 28 ans, qui précisait en novembre dernier : « J’ai adopté trois chats, que je considère comme mes enfants. » Il est temps que le Parti intervienne. Un chat, ça va ; trois chats, bonjour les dégâts ! 

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