Les limites du travail en groupe
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Dans les années 1920, le pédagogue Roger Cousinet expérimente la méthode de travail libre par groupe. Il considère que l’échange social est fondamental dans la construction de la pensée de l’enfant et que le travail en groupe lui permet de développer son autonomie et sa curiosité. Pour lui, le plus grand profit que les enfants en retirent est d’« avoir appris à apprendre ».
En 1984, Philippe Meirieu, professeur en sciences de l’éducation, insiste aussi sur l’idée d’un élève « actif », en publiant Itinéraire des pédagogies de groupe.
Une quinzaine d’années plus tard, les travaux personnels encadrés (TPE) se généralisent en classe de première autour de plusieurs objectifs : initier à l’activité de recherche, favoriser le travail en commun ainsi que l’interdisciplinarité. Pendant plusieurs mois, par groupe de deux à quatre, les élèves préparent un dossier sur un thème choisi pour finalement le présenter à l’oral. Cette épreuve est devenue obligatoire au baccalauréat en 2006.
Dans l’idéal, le travail en groupe permet de développer l’autonomie des élèves, leur solidarité et leur créativité. Cependant, comme le montre Philippe Meirieu, des dérives sont possibles. D’une part, l’affectif s’immisce facilement dans le travail en groupe et peut primer sur les objectifs d’apprentissage. Certains élèves refusent de travailler avec un camarade qu’ils n’apprécient pas et d’autres, au contraire, font des séances de travail un moment récréatif. Meirieu parle de « dérive fusionnelle ». D’autre part, le groupe risque de privilégier l’exigence de résultats au détriment de l’apprentissage : c’est la dérive productiviste. Un risque bien réel. Le système actuel privilégie la production du fait de l’impératif de l’évaluation : il semble en effet difficile d’évaluer au moyen d’un chiffre l’« apprentissage » des élèves au cours d’un travail en groupe. Cette méthode questionne donc également le système de notation actuel qui regarde les tâches en « oubliant les objectifs », comme l’écrit encore Meirieu.
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