Français. – Comment apprendre à conjuguer au futur simple quand le futur est compliqué ?

Mathématiques. – Soit x le périmètre nécessaire à un élève dans un couloir (x doit prendre en compte la circonférence de l’individu ainsi que l’espace minimal nécessaire au respect de son intégrité physique lors de mouvements plus ou moins maîtrisés) et f le flux par minute d’élèves dans ce même couloir à l’intercours. Calculez la largeur moyenne tolérable du couloir pour assurer la survie de l’ensemble.

Géographie. – Observation des disparités académiques : maintien de toutes les classes bilangues dans l’académie de Paris et suppression d’au moins un tiers d’entre elles dans l’académie de Créteil. Qu’on se le dise, la présence de l’Eurostar ne pourra plus être considérée comme un argument de poids.

Option jardinage. – Élagage ou arrachage ? Coupe franche des racines gréco-latines au profit d’une mise en jachère intellectuelle.

Physique-chimie. – Une belle énigme à résoudre : le taux d’« évaporation » des élèves. Lorsqu’en fin d’année scolaire se pose la question du nombre de classes pour la rentrée suivante, sous le poids accablant des demandes d’ouverture de nouvelles divisions, le rectorat, implacable, évoque un certain taux d’« évaporation » de nos bambins. Trois questions, donc : 1) À pression constante, sous quel climat de tels faits peuvent-ils se produire ? (On atteint les cent degrés de l’inconséquence.) 2) Quelle considération doit-on à des êtres dits « évaporables » ? 3) Calculez le taux final de condensation par classe.

Éducation physique et sportive. – On n’avait pas prévenu les conseillers principaux et les assistants d’éducation qu’ils étaient recrutés sur des postes spécifiques pour sportifs de haut niveau. Il faut une sacrée carrure pour arbitrer l’incroyable course d’orientation qu’est le parcours scolaire. Pas assez nombreux sur le terrain, on réclame alors la création d’un poste supplémentaire. Carton ! Le ratio moyen dans l’académie de Créteil est bien de 350 élèves par conseiller principal d’éducation. Alors quittons vite le ring, mais qu’on soit généreux, qu’on leur offre au moins des sifflets !

Éco-gestion. – Face à la pénurie de candidats aux postes offerts aux concours (en 2015, 1 383 postes non pourvus sur 13 000 offerts, soit près de 10 %), le rectorat opère un recrutement massif de contractuels qui se voient contraints aux mêmes obligations qu’un professeur certifié sans bénéficier de sa formation mais recevant en contrepartie tout le confort de la précarité.

Sciences de la vie et de la terre. – Question d’anatomie : quelles parties du corps est-on en droit de juger secondaires ? Comprenez bien la nature de la question. Vaut-il mieux se couper un bras ou une jambe ? Mise en situation concrète. Fin février. Un moment fort attendu. On prend d’abord la température lors de l’annonce de la dotation horaire globalisée (c’est-à-dire le nombre d’heures dont dispose un chef d’établissement pour assurer l’enseignement). La fameuse DHG semble atteinte depuis quelques années par un virus extrêmement dangereux qui frappe de gangrène les membres éducatifs. Supprime-t-on les groupes d’histoire ou les groupes de français ? Si on choisit l’allemand, adieu les groupes de sciences. Alors, l’aile ou la cuisse ? Vous dites ? Je ne vous entends pas bien. Le système éducatif français claudique ? Mais tant que le ministère garde la tête sur les épaules, nous sommes sauvés !  

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