Ailleurs
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« Va voir ailleurs si j’y suis. » On connaît le ferme conseil donné volontiers à leurs enfants trop collants par des parents exaspérés. Et si ces quelques mots, d’apparence contradictoire, exprimaient une sagesse profonde ? Et si, justement, nous étions faits de ce pays qu’on appelle « ailleurs », et si pour avoir une chance de nous y rencontrer, c’était là-bas qu’il fallait se rendre ?
Ma chère, si chère France, me paraît rassembler tant bien que mal trois populations : ceux qui viennent d’« ailleurs », ceux qui vont « ailleurs » et ceux qui sont d’« ici » et n’en sortent jamais.
L’une des plus belles créations de l’Europe, c’est Erasmus. La possibilité donnée à des jeunes d’aller étudier une année à « l’étranger », loin des petites habitudes, des copains et de papa-maman. Généralement, ces jeunes reviennent apaisés de cette expérience : allons, se disent-ils, l’autre n’est pas si terrible. Et chemin faisant, ils se sont agrandis : la « mondialisation » était leur épouvantail et le parfait bouc émissaire ; ce sera leur terrain de jeu.
Pourquoi ne pas étendre cette ouverture ?
Pourquoi ne pas l’élargir, en priorité aux politiques ? Une fois élus à un mandat national, y compris à l’Élysée, allez ouste, on ne veut plus vous voir, renseignez-vous sur la planète avant de décider quoi que ce soit chez nous. Vous y perdrez votre morgue et découvrirez, ébaubis, que l’administration française n’a pas le monopole des bonnes décisions.
Oui, mesdames et messieurs les députés, oui, monsieur le président, il y a trop de Tanguy -parmi vous, jamais sortis de vos certitudes et de votre promotion Voltaire. Allez ailleurs : notre avenir s’y trouve aussi.
Fuite des cerveaux : quel est le problème ?
Antoine Pécoud
Dans une France en crise, il est une crainte qui resurgit : celle de voir la jeunesse partir, fuir le chômage et la morosité, et tenter sa chance sous d’autres cieux. L’argument est bien rôdé : ces départs témoigneraient de la perte de…
Ailleurs
Erik Orsenna
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Boîte noire
Ollivier Pourriol
– J’ai peur. J’ai toujours peur quand on décolle.
– Vous avez raison d’avoir peur.
– Vous n’essayez pas de me rassurer ?
– Non. Si on n’a pas peur, quel intérêt de prendre des risques ?