Les maladies infectieuses sont-elles véritablement en augmentation dans le monde ?

Absolument, on observe une croissance constante du nombre d’épidémies de maladies infectieuses depuis les années 1920. Après la Seconde Guerre mondiale, tout un ensemble de virus, de bactéries et de parasites ont émergé, notamment le typhus et les rickettsioses – ces maladies infectieuses transmises à l’homme par des arthropodes (poux, tiques, puces). Plus récemment, on s’est mis à détecter de plus en plus de nouveaux pathogènes issus de la faune sauvage.

Comment expliquer ce phénomène ?

Mon hypothèse de travail consiste à dire que la multiplication des épidémies est due à la modification des contacts entre la faune sauvage et l’humain. À cause de l’intensification de la production animale, et donc de l’augmentation du nombre d’animaux d’élevage ainsi que de la superficie des terres agricoles pour les nourrir, la faune sauvage voit son territoire se réduire. Contrainte de se déplacer, elle côtoie davantage les animaux domestiques. Or cette proximité entre animaux domestiques et faune sauvage est une condition d’émergence des maladies infectieuses. Un microbe ou une bactérie peut vivre sur un hôte pendant des millénaires sans lui poser problème et, en changeant d’hôte, devenir pathogène. Prenons l’exemple du virus Nipah, apparu en Malaisie au début des années 1990. À partir d’élevages de cochons, celui-ci s’est répandu jusqu’aux abattoirs de Singapour. L’origine du virus était une chauve-souris. Or à cette époque, sur Bornéo et Sumatra, les forêts – territoire des chauves-souris – étaient en train d’être converties en cultures de palmiers à huile. Les chauves-souris ont trouvé refuge dans des fermes semi-industrielles et se sont installées dans les arbres fruitiers so

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