Qu’il fascine ou qu’il irrite, qu’on se sente proche ou non de ses idées, Emmanuel Macron capte l’attention. C’est pourquoi nous l’avons interrogé sur les questions qui travaillent notre société en profondeur, afin de connaître sa pensée au-delà du périmètre économique qui était le sien à Bercy. Dans un univers politique convenu, donc propice aux déconvenues, il serait réducteur de vouloir expliquer sa percée dans l’opinion par le seul besoin de renouveau. Ou par la séduction que l’ancien ministre de l’Économie, plein de jeunesse et de culot, peut exercer auprès d’une partie de l’électorat. Autre chose se joue, qui résonne au tréfonds de notre vie publique. La sensation que la démocratie est bloquée. Pire, qu’elle s’est enlisée, confisquée par des professionnels de la profession.

Dans ce contexte, voici Macron crédité d’une popularité inquiétante pour ceux qui, à gauche comme à droite, caressent des espoirs présidentiels. Derrière l’effet « jeune et neuf », on voit poindre la synthèse entre les idées d’une vieille famille, la gauche sociale pour ne pas dire le socialisme, et celles d’une société ouverte, régie par le marché, la compétition et la réussite individuelle. En brisant les codes du jeu politique, le « non-redoublant » Macron montre qu’il est libre. Une liberté qu’il paie de sa solitude. Or rien de grand et de durable ne se construit sans un collectif de pensée et d’action. Peut-il transfigurer un parcours singulier en un horizon commun pour une nation déboussolée ? La route est longue et le temps court. Pour Macron, c’est maintenant ou jamais.  

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