On l'a bien compris : c’est d’abord « pour créer de la mobilité » qu’Emmanuel Macron a appelé son mouvement En marche ! Mais comment désigner les marcheurs qui lui emboîtent le pas ? De Gaulle a engendré des gaullistes et Mitterrand des mitterrandistes. Faudra-t-il dire les « macronistes » ?

Le nom du ministre démissionnaire rime avec celui de deux candidats à la présidence, Jean-Luc Mélenchon et Hervé Mariton, qui n’ont pas résolu le problème. On ne parle guère de mélenchonistes, et personne n’a encore vu de maritonistes. Mais il y a plus complexe : comment voulez-vous désigner les partisans de ces autres prétendants à l’Élysée que sont Arnaud Montebourg, Michèle Alliot-Marie, Jean-Luc Bennahmias, Nicolas Dupont-Aignan ou Nathalie Kosciusko-Morizet ?

Les marcheurs d’Emmanuel Macron pourraient s’appeler les « macroniens », comme on disait les giscardiens, les chiraquiens, les balladuriens, les rocardiens, les fabiusiens… et les strauss-kahniens, disparus en une nuit. Hormis quelques grammairiens, plus personne ne fait la distinction entre « iste » (désignant les idées) et « ien » (le comportement).

La langue française ne manque pas de suffixes substantifs. Je déconseille cependant « macronais », sur le modèle de « hollandais » : ce serait défier inutilement le président sortant. « Macronaute » n’est pas meilleur : les marcheurs sembleraient être prisonniers de la Toile ou appartenir à une autre planète. Qu’ils ne comptent pas, en tout cas, sur le petit monde politique pour leur trouver un nom : ce n’est pas le microcosme qui donnera à la macronie ses lettres de noblesse. 

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