C’est l’histoire d’un colosse aux pieds d’argile. En 2003, l’hebdo américain Newsweek pouvait encore se targuer d’un tirage de 4 millions d’exemplaires, diffusé dans 190 pays avec des éditions dans une dizaine de langues. Neuf ans plus tard, marqué par les errances éditoriales, les changements de stratégie et l’effondrement de ses ventes, il a dû cesser sa parution papier, avant de la relancer au bout de dix-huit mois – et d’une sévère cure d’amaigrissement. L’ancien fleuron de la presse U.S. émarge aujourd’hui à 100 000 exemplaires par semaine, et n’emploie plus qu’une soixantaine de journalistes. Mais avance désormais des comptes revenus à l’équilibre, grâce à une hausse des abonnements et de ses revenus publicitaires.

Tous n’ont pas eu cette chance. De nombreux titres iconiques de la presse internationale ont renoncé ces dernières années à leur version papier – The Independent au Royaume-Uni, La Presse au Québec, Village Voice aux États-Unis, le Wall Street Journal dans sa version européenne, sans oublier des dizaines de journaux régionaux à travers l’Europe et les États-Unis… En France, c’est le quotidien France-Soir, qui tira jusqu’à 1,5 million d’exemplaires au milieu des années 1950, qui a disparu des kiosques dès 2011, après plusieurs rachats et plans de relance infructueux. L’année suivante, le journal économique La Tribune met fin à son édition quotidienne, suivi par le journal gratuit Metronews en 2016. Quant au magazine L’Expansion, il s’est vu tout bonnement absorbé en 2017 par les pages « Économie » de L’Express – hebdomadaire qui lui-même est passé la semaine dernière, avec le quotidien Libération, à une stratégie digital first, relançant les spéculations sur un abandon à terme de son édition papier. Un spectre qui n’effraie pas encore le géant nippon Yomiuri shimbun : avec ses dix millions d’acheteurs, ce dernier reste aujourd’hui le quotidien de qualité le plus lu de la planète. 

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